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L'importance de choisir un prénom français

milletDans Fatigue du sens, Richard Millet évoque le choix de prénoms étrangers pour des Français qui, pourtant, vivent en France depuis plusieurs générations.

Il s’interroge sur ce qui peut bien pousser un très grand nombre d'entre eux à refuser de porter des prénoms de chez nous… 

A refuser ce « mouvement de naturalisation véritable ». Comme il l’écrit si justement : « Le prénom à lui seul est une patrie. »

 

«  J’aime les noms magnifiquement français (comme j’aime les noms magnifiquement allemands, espagnols, suédois, arabes, japonais) : François de Malherbe, Jean-Philippe Rameau, Antoine Forqueray, Pierre Fournier, Maurice Merleau-Ponty, Roland Barthes, Gilles Deleuze, etc. Cela pose la question de la francité des noms en un pays où abondent maintenant les noms étrangers, et non seulement les patronymes mais les prénoms. Est-ce que Mohammed Ben Barka peut être français par exemple ? Que signifie le fait de se nommer ainsi à la troisième génération ? Quel est le sens de ce refus de se franciser, francisation onomastique pourtant rendue possible par la loi ? Effet d’horizontalité communautariste (donc capitalistique) au sein d’un monde sonore ruiné ?

Mohammed Ben Barka a beau avoir un passeport français , et vivre depuis toujours en France, il me semble qu’il n’est pas français : le nom est ici plus important que la peau ou même la religion.

Je ne méprise personne en tant que tel pour son origine ; je dis simplement que Mohammed Ben Barka ne participe pas de l’essence française, de ma vision de la France, de la nation, du rapport si singulier entre le sang et le sol. Il est certain qu’un prénom français ou européen changerait tout, donnerait à tout individu, quel que soit son nom, son appartenance en plein à la nation française, comme le prénom John américanise Dos Pasos, ou Jean celui de Giono, ou encore Pierre le nom de Klossowski : le prénom à lui seul est une patrie.

Les étrangers en France, surtout les Maghrébins, refusent presque tous ce mouvement de naturalisation véritable. Ils ne sont donc français qu’en partie, ou par défaut.

On ne peut dès lors parler d’intégration, encore moins d’assimilation. Une nation est aussi un paysage sonore ; les immigrés constituent une grave altération de ce paysage. On ne saurait être français par la seule vertu du Droit, autre pôle, avec le Marché, de la globalisation du monde. Il y faut autre chose – ce supplément d’âme qui fait aujourd’hui tant défaut, même aux Français de souche, ignares, veules, abrutis et à ce point conditionnés par l’antiracisme qu’ils sont devenus eux aussi indifférents à leur histoire et étrangers à leur propre sang : des immigrés par ignorance plus ou moins volontaire. »

p.35-37

 

 

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