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Une maman et une jeune fille (Nécrologie)

cimetireQuelques drames – dont certains particulièrement saignants - sont survenus durant mes treize années de journalisme municipal. Ils ont brisé plusieurs vies et fait pleurer dans les chaumières. Il pouvait m’arriver d’en dire deux mots dans Laval Infos car la mort, si j’ose dire, fait partie de la vie. Dans le numéro de mars, par exemple, je transmets mes condoléances au conseiller municipal de la faucille et du marteau Jean Pommier, qui vient de perdre sa femme Anne, dévorée par le crabe à l'âge de 42 ans…

Le 17 octobre de cette même année 1996, la Ville est sous le choc : un car scolaire du collège Jacques Martin a eu un accident en Allemagne où il conduisait des élèves en voyage scolaire. Le chauffeur s'est endormi : trois morts dont l'une des filles d'une adjointe de François de Sénert, 14 ans. Je me souviens de la tristesse, palpable, qui régnait à l’hôtel de ville. Et cette adjointe de devenir illico presto une sorte d’élue intouchable. Hélas, dix ans plus tard, ce sera au tour de son mari de quitter cette vallée de larmes qu’on appelle la vie…

Menace de démission (fôte d'ortaugraf)

notredameavesniersJ’ai longtemps rêvé de faire un journal sans aucune faute d’orthographe ou autre coquille. J’y ai renoncé car, lors de chaque parution, j’ai toujours eu au moins trois ou quatre déceptions qui, généralement, me sautaient au visage avant même que je ne sois rentré chez moi ! En effet, les premières années, quand j’allais à Bonchamp chercher mes numéros chez l’imprimeur la veille de leur réception à la mairie, je me jetais sur le premier exemplaire en tremblant ; j’avais raison : le plus souvent, je tombais sur une faute avant d'apercevoir Notre-Dame d’Avesnières…

Et de rager, car j’ai toujours été agacé de lire un mot mal orthographié, un verbe mal conjugué, un nom avec une coquille, un article promotionnel avec un faux numéro de téléphone, etc. La boulette qui m’a le plus irrité ? Un samedi matin, fin mai 1996, je me suis réveillé après avoir "vu" très clairement dans mon rêve le titre d'un article qui comportait une énorme faute d'accord ! J’appelle dare dare l’imprimeur, qui avait reçu les films la veille. Mais je ne me fais guère d'illusion : les rotos tournent à plein régime...

Je ne m’étais pas trompé (enfin, façon de parler) la faute est bien celle qui a gâché mon réveil : « Il y a 60 ans la création des sections d’aviation populaire permirent la naissance de l’aérodrome… « Oui, Monsieur, il est bien écrit permirent et non permit comme il se doit… » Je reposai le combiné sachant que mon week-end avait du plomb dans l'aile. Car je suis ainsi fait qu’une faute oubliée dans un texte me rend plus malheureux qu’une engueulade avec un membre de ma famille ou un élu de la mairie.

Je me souviens, ce matin-là avoir très sérieusement évoqué ma démission en discutant avec ma femme. Quelques minutes seulement car icelle m’a remis droit très vite… Elle m’a traité de malade et dit une chose terrible, incroyable, insupportable pour un journaliste : « Tout le monde s’en fout ou presque ! » Et de fait, je ne reçus pas la moindre remarque sur cette énorme faute alors que j’avais eu, sur le sujet traité, mon lot de compliments mensuels. Je dois dire aussi que j’avais mis du blanco sur certains exemplaires de la mairie…

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Général Morillon (People)

general.morillonLundi 18 novembre : déjeuner avec le général Morillon alias le Général Courage. Il a mérité ce surnom parce qu’en mars 1993, commandant en chef de la Forpronu en Bosnie-Herzégovine, il décidait de rester, avec ses casques bleus, dans l’enclave musulmane de Srebrenica assiégée par les Serbes. Il est venu à Laval pour inaugurer les Lundis de l’Institut Supérieur des Métiers. S’il a su démontrer qu’un militaire pouvait être chrétien (thème de sa conférence) il a aussi prouvé qu’atteindre certains sommets ne relevait pas de l’alpinisme !

Pour faire montre de son humour, j’ai cité un extrait de sa Lettre à un jeune soldat, sous le titre : Des cons dans l’armée ? « C’est vrai qu’il y a des cons dans l’armée. Je me souviens d’un sage de mes anciens qui me disait : " Quel que soit le mode de structuration d’une société, la proportion de cons est partout la même et, s’il y a davantage d’imbéciles chez les caporaux que chez les généraux, c’est simplement qu’il y a beaucoup plus de caporaux que de généraux." » Bien vu, non ?

J’ai cité aussi ce qu’il pensait du prestige de l’uniforme, lequel a trois fonctions : "La  première est d’être pratique, c’est-à-dire adapté pour le combat. La deuxième (et je ne plaisante pas) est de plaire aux filles, cela a toujours été l’une des raisons de l’engagement, souviens-toi des affiches de recrutement de l’Ancien Régime… " La troisième concerne l’utilité de cet uniforme car en 1968, le jeune rédacteur Morillon débarque à l’Etat-Major de l’Armée de terre et va vivre un grand moment qu’il aura plaisir à narrer trente ans plus tard : " Le jour de mon arrivée en civil moi-même puisque c’était la règle, je pique un garde-à-vous impeccable devant un monsieur d’âge mûr, les cheveux gris, portant beau dans un costume croisé sombre. C’était… le chauffeur du général. Je croise ensuite dans les couloirs un petit monsieur d’allure un peu effacée et très affairée, et c’est tout juste si je ne lui demande pas : « Pouvez-vous m’indiquer, mon brave, le bureau du général ? » C’était le général. Lui n’en a pas été gêné, moi énormément. "

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Le risotto de Kevin (Le goût de la farce)

risotto.kevinMon plus jeune frère, Marlon, eut droit à trois passages dans Nos Cordons bleus sont formidables ! (record battu !) Pour le deuxième, en novembre de cette année 1996, je lui avais demandé s’il accepterait – pour changer un peu - de se déguiser en fille en portant une perruque brune. Pas de problème ! Si, problème justement ! Même avec une perruque, le beau Marlon ressemble toujours à un mec ! Qu'à cela ne tienne, ce sera Le risotto de Kévin au lieu d'être celui de Valérie ou de Nathalie, mes prénoms préférés…

Cette photo donna lieu à plusieurs remarques dont l'une m'a forcé à commettre un gros mensonge. Dès la sortie du numéro, une collègue de la Ville m'a demandé si le garçon, en page 23, ne portait pas – par hasard - une perruque « car vraiment, il a une drôle de tête. - Oui, lui répondis-je, c'est un jeune homme qui a suivi un traitement de chimiothérapie mais qui souhaitait tout de même présenter une recette dans Laval Infos. » Ma collègue m'avoua y avoir pensé en le voyant…

L'autre remarque, souriante celle-là, vint du directeur général du Collège départemental, Jean-Martin Bouretz, qui, lors d'une manifestation officielle ayant eu lieu quelque temps après la sortie du Laval Infos, me dit en se bidonnant :" Dis donc, j'ai reconnu Marlon, c'est trop drôle !" Chez Compocenter, studio qui s'occupait de la maquette à l'époque, le responsable, un certain Christian, m'avait questionné : "Hé Jean-Christophe, cette photo-là, ce serait pas toi par hasard qui ferait une blague à tes lecteurs ?"

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Claudie André-Deshaies (People)

andre-deshaiesLe vendredi 11 octobre, Laval a reçu la première française de l’Espace à l’occasion de la fête de la science, Claudie André-Deshays qui est entrée dans la légende pour avoir vécu, lors d’une mission scientifique internationale, l’extraordinaire privilège de contempler notre planète terre en orbite, c'est-à-dire à 400 km du sol et à une vitesse de 8 km seconde ! Secrétaire d’Etat à la Recherche, François de Sénert avait tenu à inviter dans sa ville la marraine de "Science en fête 1996". Ce fut un grand moment : la belle Claudie est aussi à l’aise devant un micro que dans une capsule…

Si j’ai apprécié cette première rencontre, j’ai moins prisé la seconde avec Madame le Ministre de la Recherche Claudie Haigneré venue visiter le 10 avril 2003 notre célèbre ingéniérium. En quelques années, Claudie avait pris un coup de vieux et son charme agissait moins. Quant aux propos tenus, c’étaient ceux d’un ministre : convenus. Plus d’Europe, plus de technologie pour réussir le pari de la mondialisation. Pouah ! Etre si intelligente, si diplômée, si fine dans l’expression et parler comme tout le monde !

Lundi 2 février 2009, alors que je me trouvais désoeuvré dans la salle d’attente d’une kinésithérapeute, je  saisis un numéro de Gala et tombe sur un entrefilet qui m'apprend que Claudie – « Madame Bac + 19 » - aurait fait récemment une tentative de suicide, ce que dément son époux Haigneré évoquant néanmoins quelques soucis (une dépression nerveuse ?). J'avoue avoir été glacé par cette nouvelle, qui ne surprendra du reste que ceux qui ont le tort de penser qu'un fort quotient intellectuel et la réussite sociale puissent éloigner à jamais le mal de vivre... 

La suite dans le livre...

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