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Laval sous Albert Goupil

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Plus porté sur l’imparfait du subjonctif que sur la création d’entreprises, Albert Goupil est devenu maire de Laval par hasard, le 2 juin 1946 suite à la démission de son fougueux prédécesseur Francis Le Basser qui voulait ainsi punir les électeurs mayennais de n’avoir point élu député son ami Jacques Soustelle…


Imprimeur de renom

Détenteur d’une licence de lettres décrochée à Rennes avec mention très bien, le jeune Albert songeait à l’agrégation quand soudain, son père étant gravement malade, il dut reprendre par devoir le flambeau de l’imprimerie familiale en 1896.

Parallèlement, cet érudit qui s’était vu confier l’édition du dictionnaire de l’Abbé Angot participe aux travaux de la Chambre de Commerce, à la commission historique et archéologique de la Mayenne ; il crée la société Mayenne-Sciences et entre au conseil municipal en 1933.

La droite mayennaise

Bien qu’apolitique, Goupil, une fois élu maire, représente la droite mayennaise de l’époque, conservatrice et empreinte de catholicisme social. « Fin et habile, il savait se montrer rusé comme un renard et portait bien son nom de goupil », se souvient l’un de ses anciens conseillers, Bernard Le Godais. Et de poursuivre : « Il conduisait très bien son conseil municipal. »

Un point de vue partagé par son adjoint et inséparable ami Jules Trohel :  « Sans jamais élever la voix, par persuasion, avec ce bon sens inné qui le caractérisait, la clarté des explications qu’il donnait, le travail qu’il imposait, il obtenait le concours dévoué et spontané de tous ceux sur lesquels devait s’exercer son autorité administrative. »

Conducteur d’hommes

De l’avis unanime c’était un excellent conducteur d’hommes qui, en tant que capitaine du 25e territorial, avait fait ses gammes pendant la guerre 14-18 (croix de guerre, médaille de Verdun…). Et s’il ne dut son élection de 1946 qu’à la fougue de son prédécesseur, il saura lui-même se faire réélire brillamment en 1947 et en 1953…

Imprimeur de renom (plusieurs de ses ouvrages seront couronnés par l’Académie française), il avait établi le siège de son entreprise sur la partie du quai qui portera son nom après sa mort, en 1956. Il partageait son temps entre son bureau d’imprimeur (très encombré) et celui de la mairie (impeccable).

Toujours la pipe au bec (pas de journée mondiale sans tabac à l’époque !), Albert Goupil ne se déplaçait qu’à pied : « Je suis le dernier piéton », aimait à dire ce maire qui ne conduisait pas de voiture.

Effacer les traces de la guerre

Quand Goupil devient maire de Laval, une importante partie de la ville est en ruines (voirie, éclairage public, bâtiments communaux…) et la situation sociale est catastrophique (vieillards qui souffrent du froid, enfants sous-alimentés).

Sa principale mission sera d'effacer les traces de la guerre « 39-45 ». Par ailleurs, outre les Transports Urbains Lavallois (toujours en place !), il lancera la politique de reconstruction de logements sur Laval, via une politique hardie de prime à la construction et la création d'une société d’économie mixte.

« C’est lui aussi qui eut l’idée de lancer le quartier des Fourches, à l’époque immense jardin derrière la maison Brilhault », se souvient Bernard Le Godais.

Dans la maison d’un mort…

Cet homme simple au profil de vieille estampe s’exprimait à la perfection sur tous les sujets, avec une voix chaude et prenante, souvent avec humour. Peu soucieux d’élégance vestimentaire (celles de l’esprit lui suffisaient !), sa longue barbe (à la Landru) était sa seule coquetterie de célibataire.

Car Albert était un vieux garçon, avec des habitudes de vieux garçon, situation dont il savait se moquer à l’occasion, comme en témoigne cette remarque qu’il fit un jour à son ami Jules Trohel, lequel venant de signaler au Maire de Laval que sa braguette était grande ouverte, se vit répondre du tac au tac : « Dans la maison d’un mort, Trohel, on laisse toujours la porte ouverte ! »

Congestion cérébrale

Sa fin eut lieu dans la nuit du 31 octobre 1956, alors qu’il travaillait dans le bureau de sa chère imprimerie. Soudain, frappé de congestion, il s’effondra sur le sol et décèdera le 2 novembre suivant (jour des morts) sans avoir repris ses esprits.

Si Laval ne doit à ce maire aucune réalisation d’importance, elle l’a pleuré le 6 novembre, jour de son enterrement en grande pompe (avec garde suisse, rideaux noirs et tout et tout). Car, ce jour-là, une foule immense l’accompagna jusqu’au cimetière de Vaufleury, aux accents douloureux de la marche funèbre de Chopin.

Il est vrai qu’il avait su rester fidèle toute sa vie à ses deux devises latines : Nemini obesse (ne nuit à personne) et Omnibus prodesse (être utile à tous).

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