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En français, please !

marche.noel

A la fin du siècle précédent, de plus en plus de boutiques se sont mises à porter des noms sans queue ni tête, à consonance anglo-saxonne. Chaque mois ou presque, je devais demander à leurs patrons respectifs l’orthographe de Water For CarTiff'CisoLove My Moto, Scotchy'Scotcha

Dans le Laval Infos de décembre 2001, je décide de faire part de ma désapprobation car trois des boutiques que je vante sont touchées par cette sorte de vérole linguistique ! Dans l'article concernant l'une d'elles aujourd'hui disparue (Styl et Formes), je livre le fond de ma pensée : "Un seul regret : votre Styl …. n’a pas de e ! - Pour se singulariser !", m'avoue sa charmante patronne… Petite question : à quand la création d’une association de consommateurs décidés, eux aussi, à se singulariser ? Par exemple, en n’achetant plus le moindre produit dans les boutiques qui, faisant fi de la Loi Toubon (1994), refusent « d’utiliser le français dans les actes de la vie sociale, commerciale et intellectuelle »… Et j’ajoutais : " Que Céline B. se rassure ; cette question « franchouillarde » vaut aussi pour deux autres boutiques vantées gratuitement dans cette page..." En l’occurrence Riding Béco et Slip’s….

Les armoires de toilette

marche.noelEn mars 1999, je fis paraître plusieurs articles concernant des créateurs d’entreprise qui avaient décidé de s’installer dans la ZRU – Zone de Redynamisation Urbaine – de Saint-Pierre-Thomas. Un papi attira mon attention, un certain Bernard-André Fourreau qui décida de jouer les Prosper Rossignol en concevant, fabriquant et commercialisant des armoires de toilette. Après 33 ans de métier dans les assurances, ce bricoleur exceptionnel s’était enfin laissé tenter par sa passion et les avantages de la ZRU en créant, à 57 ans, une SARL qui, hélas, ne durera que le printemps…

Ce type avait une bonne gueule et il avait apprécié ma pièce de théâtre Appelle-moi papa. Je l’interviewais dans son local tout en sachant qu’il aurait un mal fou à vendre ses armoires de toilette qu’aucune grande surface ne pouvait référencer (évidemment, il les fabriquait lui même, comme un artisan !) Son entreprise était vouée à l’échec mais le personnage avait une bonne tête– je le répète - et aimait ce qu’il faisait. C’est pourquoi, non seulement il eut droit à un article mais en plus à la couverture du Laval Infos de mars 1999.

Pierre-Auguste Renoir

En évoquant ce monsieur (que j’ai revu plusieurs fois en ville se promener avec un loden kaki), j’ai pensé à Renoir qui aurait sans doute apprécié son travail si j’en crois le petit texte que j’avais fait passer dans le Laval Infos n° 34 (décembre 1998) : Le plus grand reproche que Pierre Auguste Renoir faisait au « progrès » était d’avoir substitué la fabrication en série à la fabrication individuelle. Un objet, même d’usage courant, écrit son fils Jean, ne l’intéressait que s’il était l’expression de l’ouvrier qui l’avait fait…

A partir du moment où cet ouvrier devenait une foule, dont chaque membre était spécialisé dans une opération, cet objet aux yeux de Renoir devenait anonyme. « Ca n’est pas naturel. Un enfant ne peut pas avoir plusieurs pères. Tu vois d’ici un gosse dont les oreilles seraient dues à la fécondation de l’un, les pieds à un autre germe, son esprit venant d’un intellectuel et ses muscles d’un lutteur. Même si chaque partie était parfaite ce ne serait pas un homme mais une société anonyme, autant dire un monstre. »

Et Jean Renoir de conclure : Renoir pensait que la science avait failli à sa mission en ne luttant pas pour l’expression de l’individu mais au contraire en se mettant au service d’intérêts mercantiles et en favorisant la production en série. Je sais tout ce qu’un petit texte comme celui-là peut avoir de décalé par rapport aux objectifs économiques d’aujourd’hui. Il n’empêche que si je l’ai casé dans Laval Infos et, ce jour, dans ce récit, c’est parce que je trouve qu’il n’a pas perdu une once de sa vérité…


De quelques problèmes

marche.noelEn octobre 2000, un des ténors du syndicat KilvouFO m’appelle : je n’aurais pas dû vanter tel poissonnier installé rue Félix-Patou car ce dernier venait de cogner sur un agent de la Ville dans l’exercice de ses fonctions (une aubergine, si mes souvenirs sont bons, qui l'avait verbalisé). Ce poissonnier, j’avais hésité à le mettre dans le journal tant son vivier, sur la photo couleur prise par Djack Clic, était peu ragoûtant. On aurait dit qu’il l'utilisait comme pissotière depuis au moins cinq ans...

Quand les motards agacent...

Une autre fois (mai 2001) j’avais vanté l’ambiance bon enfant qui régnait dans un commerce de cycles et motos situé près du Passage-de-Paname : "Une adresse où les motards de Laval et des environs se sentent chez eux. Car ils peuvent y boire un café dans le coin tonnelle prévu à cet effet tout en discutant de leur passion jusqu'à extinction de leurs cordes vocales. Et ce, avec à leurs pieds, la mascotte de la maison, Miss Berry, une jeune bouledogue à qui il ne manque que la parole pour dire combien, elle aussi, aime la moto..."  

Des voisins agacés par les bruits des motards en question prirent très mal de voir l'objet de leur courroux vanté dans un article payé par le contribuable, c'est-à-dire par eux-mêmes ! Ils le firent savoir à la Mairie par une lettre furax à laquelle ils avaient joint une photocopie de mon article… devenu obsolète quelques mois plus tard : quand la boutique, faute de clients, mit la clé sous la porte. Pour la plus grande joie de qui vous savez... 

La suite dans le livre...

Des échecs prévisibles

mains.moulesMes articles ont aidé des commerçants et des chefs d’entreprise qui, quelques semaines, quelques mois ou quelques années après, ont néanmoins fermé boutique. Je ne vais pas recenser ces nombreux échecs : ils sont monnaie courante dans la vie économique. J’eus toutefois quelques déceptions. Parce que j’appréciais les personnes ou les établissements créés. Je pense d'emblée à la suppression du magnifique Café des arts – inauguré en décembre 1995 par Norbert Lépé, par ailleurs propriétaire du Castel...

Les "petits cadeaux"

marche.noelD’aucuns auraient pu penser que je profitais de la situation en me faisant offrir tel ou tel cadeau. Bien sûr, il n’en était rien ! Même si certains commerçants (que je peux compter sur les doigts des deux mains) voulurent absolument m’offrir un "petit quelque chose" : un pain au chocolat à la Vie Tartine, une bière à Mangémarchepied, une pizza chez le traiteur de la rue des Remontées…

La Table de Paname

Le plus beau présent fut un repas pour deux offert par La Table de Paname en remerciement d’un paragraphe écrit en 2000 suite à un 16/20 décerné par le Gillau et Mault… « Ah, la Table de Paname ! Souvent imitée, jamais égalée, toujours imbattable (c’est l’un des meilleurs rapports qualité-prix du monde !). Jean Lesorcier ? « Force est de reconnaître que nous avons affaire à un artiste, un créateur d’alliances subtiles que ce chef sait rendre évidentes. » Les plats ? « Le rouget, jus d’ananas aux épices et crevettes grises, touche au sublime et le menu « à six plats » est une aubaine. » Et Madame, en salle ? « Accueil et service parfaits et voilà un grand moment de bonheur. »

Tout est dit, ou presque : malgré les compliments qui pleuvent sur lui depuis son installation en juin 1981 (16/20 depuis 1983, une toque Duchemin depuis 15 ans, etc.), l’artiste Jean Lesorcier a su rester aussi modeste que sympathique (quand d’autres auraient eu la tête archi-gonflée). » C’est ce paragraphe qui nous valut un dîner gratuit, ce que nous sûmes au moment de l’addition où, en lieu et place de la douloureuse, figurait la mention suivante : L’un des meilleurs rapports qualité-prix du monde !

Un cadeau pour Flora

En mars 2005, je fis paraître un article sur Sophie-Aurore Rabot quand elle reprit une boutique de vêtements de luxe nommée Lactaïs. L’article lui plut énormément ainsi que la légende : Le plus beau sourire de la rue François-Mitterrand. Cette femme charmante voulut offrir un cadeau à ma femme mais, tombant sur mon cousin Ludo, ce dernier lui apprit qu'elle était enceinte et, à la grande déception de cette dernière, Sophie-Aurore préféra offrir un présent à l’adorable petite Flora qui vit le jour pendant l’été 2004…

D’une manière générale, je fuyais les boutiques que j’avais vantées pour éviter justement de mettre le commerçant dans l’embarras… Je ne voulais pas qu’il pût penser un seul instant que je revenais vers lui pour obtenir mon « petit cadeau »… Parfois il m’est même arrivé d’acheter des produits pendant l’entretien : fruits de mer chez un poissonnier de Saint-Pierre-Thomas, crayons à la Caisse à feutres… Je ne voulais pas qu’on puisse dire en ville que le journaliste municipal profitait de sa situation pour se faire rincer…

A ce sujet, je me souviens d’un article louangeant un bon restaurant de la ville. La patronne m’avait remercié et proposé de venir manger un soir avec ma femme… J’avais laissé tomber puis les années passèrent. Pour fêter mes dix ans de mariage je fis le pari de retrouver mon poids de jeune marié (10 kilos à perdre). Ma taille de jeune homme retrouvée, je vais dîner un soir avec des amis dans le bon restaurant en question. Mais... j’ai bel et bien payé mon écot car la patronne, j’vous le donne en mille, ne m’avait point reconnu…Foutu régime !

La suite dans le livre...

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