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Les souffrances de Richard Millet

milletDans Fatigue du sens, Richard Millet évoque aussi – via des exemples poignants - sa souffrance de vivre en direct l’effacement de la France (conséquemment à l’immigration de masse extra-européenne et au comportement des Français de souche qui renient leur culture).

Sa souffrance aussi de ne pas être compris par ses proches. Mais dans ce domaine, gageons que ses lecteurs – et l’auteur de ces lignes le premier – le comprennent fort bien sinon 1°) ils n’auraient point acheter son livre - après avoir lu la quatrième de couverture et 2°) ils ne le vanteraient pas autour d’eux…

Oui, que cet écrivain de qualité supérieure se rassure : il n’est pas aussi seul qu’il le prétend. Beaucoup ressentent ce qu’il ressent et en souffrent, eux aussi en silence…

"  Je venais de dire à cette très jeune femme, intelligente, cultivée, ironique, l’angoisse que suscite en moi la dégradation de la civilisation française. Elle me regarde étrangement, cesse de manger, me somme de m’expliquer. « Nul ne se soucie plus de grandeur » ajouté-je. « La grandeur ? Quelle foutaise ! » s’écrie-t-elle, indignée, en se levant pour me planter au milieu du restaurant."

p.25

« Je ne fréquente que des gens d’origine libanaise, suédoise, estonienne, à qui je tente d’expliquer la souffrance qui est la mienne dans un pays où je ne me reconnais plus, autrui ayant le visage d’une immigration extra-européenne croissante, et dont le nombre est le signe d’une défaite du sens. Mais ils ne me comprennent pas, mes amis se disant, en souriant, eux aussi des immigrés, oubliant néanmoins qu’ils sont européens ou chrétiens. L’un d’eux me reconduisant çà la bouche du RER, à Châtelet-Les-Halles, s’effraiera cependant de la population qui s’y trouve et me dira qu’il est vrai qu’il n’a jamais pris le RER – ce qui revient à faire de moi le véritable étranger , le pur exilé, celui qui est condamné à errer à l’intérieur de lui-même, étant réprouvé. »

p. 49

«  N’en pouvant plus de la foule qui se presse dans le wagon, je descends à la station « Vincennes » du RER. Il est dix heures du soir. Deux Frères musulmans arrivent sur le quai en abbaya grise, calotte blanche, barbe longue et babouches aux pieds. Plus loin, assise hiératiquement près d’un distributeur de friandises, une femme en niqab. Je remonte le quai vers l’autre sortie, croisant des Noirs (dont plusieurs femmes enfoulardées), un couple de jeunes Pakistanais, une Asiatique au visage renfrogné, quelques blancs vêtus de façon minable.

Comment me sentirais-je français au sein de cette population si visiblement soucieuse de ne pas s’intégrer ?

Autrui a ici la figure menaçante du nombre, et l’hostilité de son indifférence à ce que je suis : l’immigré est celui qui m’ignore et que je voudrais ignorer, s’il n’était pris dans le mouvement de destruction dont les indigènes sont les complices passifs : ma souffrance est la pierre d’achoppement de l’immigration de masse. »

p. 123

 

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