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Le Palais de l'Industrie

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Place de Hercé, les "vieux" Lavallois se souviennent du Palais de l'Industrie qui ouvrit ses portes en 1901 et fut détruit en 1976 sans faire pleurer Margot...

Aujourd'hui pareille destruction serait impossible car ledit Palais avait une sacrée gueule !

 

En 1900, la Troisième République organise à Paris une exposition universelle. De dimension plus grande que celle de 1889, elle a pour mission de montrer au monde la prospérité de la France de la « Belle Epoque ».

Exposition universelle

Objectif atteint : 50 millions de visiteurs fréquenteront celle qui s’étend sur 112 hectares et compte 36 portes d’entrée, dont une monumentale et polychrome place de la Concorde, avec une décoration lumineuse comportant 3 200 lampes à incandescence et 40 lampes à arc !

Côté édifices, deux resteront : le Grand et le Petit Palais. Un autre, périssable celui-là, abrite les Arts décoratifs où apparaîtra le modern style dans le mobilier…

La société Courtial

Mais pourquoi évoquer cet événement ? Parce que l’année suivante, 1900, une société spécialisée dans la démolition de cette exposition, Courtial, propose à la Ville de Laval une partie de la décoration et du mobilier…

Le futur Palais de l’Industrie de Laval est né… Enfin, presque…

Hélène Lindner-Bonin

« Accompagnée par l’architecte Ridel, indique l’archiviste actuelle de la Ville de Laval, Hélène Lindner-Bonnin, une délégation d’élus se rend à Paris pour négocier la fourniture, le transport et le remontage d’environ 425 tonnes de fer, du verre nécessaire à la verrière centrale, des charpentes et de la couverture. »

Des entreprises locales réalisent fondations, socle en granit, briques, menuiserie, escaliers, peinture, faïence et décoration de la façade. Pour un montant total de 270 000 francs…

Deux pavillons

Au départ, les deux petits pavillons n’étaient pas prévus, « mais les élus ont souhaité les faire venir », complète l’archiviste municipale.

Très délabrées, les Galeries de l’Industrie sont démolies. « Comme le nouveau palais est plus grand, on l’installe au fond de la place de Hercé », indique Hélène.

Alain Gerbault

En 1927, le Palais est doté d’une installation électrique capable de l’éclairer. Puis le Tennis club y aménage un court sur lequel, lors d’une grande exhibition, viendra jouer Alain Gerbault en 1929.

Enfant du pays (sa maison natale se trouve sur la droite du Palais), le 1er navigateur à avoir traversé l’Atlantique en solitaire était aussi un excellent joueur de tennis (il a participé à la finale des championnats du monde sur terre battue).

Lors de ce match – sa dernière visite à Laval – Gerbault prononcera une seule phrase : « Je m’ennuie, j’aimerais bien m’en aller ! »

Le constat de 1937

Jusqu’à sa démolition en janvier 1976, le Palais de l’Industrie accueillera moult manifestations de la vie locale : foire expo, concerts, fêtes, expositions, réunions de sociétés sportives, meetings politiques…

Les choses auraient pourtant pu s’arrêter dès 1937, année où les conseillers municipaux, après examen attentif de la dégradation du bâtiment, avaient envisagé sa démolition…

Des manifestations

Mais, deux ans plus tard, la guerre 39-45 éloigne cette préoccupation. D’autant que les Allemands y séjournent pendant l’Occupation…

Après la Libération, malgré la vétusté des lieux, les festivités continuent de se succéder au palais. Par exemple, un programme de janvier 1967 indique qu’il accueille dans l’une de ses quatre salles (centrale, des fêtes, de « gauche », de basket) l’arbre de Noël des PTT (le 8), l’AG de la coopérative agricole (le 10), la galette des rois du Stade Lavallois (le 11), le bal des Nouvelles Galeries (le 14), l’arbre de Noël des déportés (le 15), le bal du lycée de jeunes filles (le 21), celui des mineurs (le 28) et de la SNCF (le 29)…

La Foire-exposition

En 1972, la manifestation la plus populaire, la « foire-expo » quitte le Palais pour être transférée au Parc des Loges de Saint-Berthevin. Même « punition » pour les galas de boxe (cliquer Les débuts de la boxe à Laval : Bertron, le Palais de l’Industrie).

Avec ces deux départs, le Palais a perdu son âme.

Il disparaît en janvier 1976 (ainsi que l’ancienne Halle-aux-Toiles qui sera remplacée par la bibliothèque).

La Salle Polyvalente

Curieusement, la tristesse n’est pas de mise : « C’est qu’il n’était plus vraiment solide notre bon vieux palais, écrit Le Courrier de la Mayenne. L’ensemble ne tenait plus que grâce à l’assemblage de la monture métallique », laquelle « commençait à rouiller dangereusement ».

Et le journaliste de conclure : « Un grave accident aurait pu se produire un jour ou l’autre… »

Bref il était temps de démolir ce palais dont l’architecture « Belle Epoque » ferait aujourd’hui fureur auprès des touristes qui, sur la route de la Bretagne ou du Mont Saint-Michel font escale à Laval.

Mais sans jamais s’extasier une seconde sur la « remplaçante » du Palais : la très « moderne » et très laide Salle Polyvalente…

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