Bertrand Spaghetto
Il m’est difficile de parler de Bertrand Spaghetto car je le connais depuis notre jeunesse.
Elève brillant et cultivé, il faisait jadis l’admiration des parents qui connaissaient les siens. Ma mère par exemple, souvent, le prenait comme modèle : le fils Spaghetto ceci, le fils Spaghetto cela ! Plus tard, étudiants, lui et moi avons partagé une même passion pour la politique puis, Bertrand ayant raflé quelques mandats, je me suis rendu compte qu’il y avait d’un côté les passionnés et de l’autre les ambitieux.
D'un côté ceux qui parlent librement, s'excitent, se vident par la tête, disent ce qu'ils pensent. Et de l'autre ceux qui se taisent, jouent les hypocrites, se positionnent sans jamais... prendre de position claire et nette. Bertrand est dans la seconde catégorie, bibi dans la première. Tout est dit. Et les relations franches ont disparu entre nous car, comme l'écrit fort justement Montherlant, «tous les hommes publics, à peu près, sont des hommes-mensonges. De là le désir infini qu’on a de ne pas les fréquenter !»
Cela dit, Spaghetto fut un excellent adjoint aux finances : précis, efficace, tout à fait à sa place à ce poste. Comme sa personnalité était aux antipodes de celle de Sénert, que le contraste entre eux était abyssal, il était plutôt bien perçu par nombre d'électeurs. Hélas pour lui, un tel contraste n’existe point quand on le compare à Falot car ils ont tous deux des yeux bleus et un visage de premier communiant. Je dis souvent qu’un type qui assisterait aux conseils municipaux et aurait une mauvaise vue peinerait à les distinguer...
Sera-t-il maire de Laval ? En politique, point de Madame Soleil ! Qui aurait vu Mitterrand à l’Elysée après son échec en 1974, et Chirac après sa déroute de 1988 ? En revanche, ces deux-là souhaitaient ardemment décrocher le pompon ! Je doute fort que Spaghetto ait envie d'être maire de Laval sinon il serait resté adjoint aux finances en 2002 et aurait franchi le Rubicon juste après l’échec de Sénert aux législatives. Il aurait pris la tête de liste et obtenu du maire en titre soudain fragilisé qu'il se contentât de la présidence de Laval Agglo…
La suite dans le livre...