Général Morillon (People)
Lundi 18 novembre : déjeuner avec le général Morillon alias le Général Courage. Il a mérité ce surnom parce qu’en mars 1993, commandant en chef de la Forpronu en Bosnie-Herzégovine, il décidait de rester, avec ses casques bleus, dans l’enclave musulmane de Srebrenica assiégée par les Serbes. Il est venu à Laval pour inaugurer les Lundis de l’Institut Supérieur des Métiers. S’il a su démontrer qu’un militaire pouvait être chrétien (thème de sa conférence) il a aussi prouvé qu’atteindre certains sommets ne relevait pas de l’alpinisme !
Pour faire montre de son humour, j’ai cité un extrait de sa Lettre à un jeune soldat, sous le titre : Des cons dans l’armée ? « C’est vrai qu’il y a des cons dans l’armée. Je me souviens d’un sage de mes anciens qui me disait : " Quel que soit le mode de structuration d’une société, la proportion de cons est partout la même et, s’il y a davantage d’imbéciles chez les caporaux que chez les généraux, c’est simplement qu’il y a beaucoup plus de caporaux que de généraux." » Bien vu, non ?
J’ai cité aussi ce qu’il pensait du prestige de l’uniforme, lequel a trois fonctions : "La première est d’être pratique, c’est-à-dire adapté pour le combat. La deuxième (et je ne plaisante pas) est de plaire aux filles, cela a toujours été l’une des raisons de l’engagement, souviens-toi des affiches de recrutement de l’Ancien Régime… " La troisième concerne l’utilité de cet uniforme car en 1968, le jeune rédacteur Morillon débarque à l’Etat-Major de l’Armée de terre et va vivre un grand moment qu’il aura plaisir à narrer trente ans plus tard : " Le jour de mon arrivée en civil moi-même puisque c’était la règle, je pique un garde-à-vous impeccable devant un monsieur d’âge mûr, les cheveux gris, portant beau dans un costume croisé sombre. C’était… le chauffeur du général. Je croise ensuite dans les couloirs un petit monsieur d’allure un peu effacée et très affairée, et c’est tout juste si je ne lui demande pas : « Pouvez-vous m’indiquer, mon brave, le bureau du général ? » C’était le général. Lui n’en a pas été gêné, moi énormément. "
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