CM du 15 mai (II) : Quand un quiproquo suscite un tollé suivi d'un clash...
Cher JCG, je viens de vous voir quitter la rédaction de Ouest-France avenue Robert-Buron. Encore cette vilaine "affaire Aimé Césaire" ? Oui, le rédacteur de Laval, Julien Bezannier, voulait m'interroger concernant la "crise" d'hier soir au conseil et me demander si je regrettais mes propos. Je n'en regrette aucun mais, grâce à lui, j'ai enfin compris le pourquoi du "tollé" suscité suite à la réponse ("C'est quand même un noir, je m'excuse de vous le dire !") que j'ai faite à la remarque de François Zocchetto concernant le fait que Monsieur Aimé Cézaire soit Français. Aimant comprendre le pourquoi du comment plus que tout, je suis content, somme toute, oui : très content d'être allé voir ce Jérôme Bezannier. Car je comprends maintenant pourquoi les élus ont été choqués à ce point là...
Pourquoi ? A cause d'un quiproquo ! Parce qu'ils ont tous compris que je sous-entendais qu'on ne pouvait pas être noir et Français. Ce qui n'était pas du tout ce que je voulais dire ! Pas du tout ! Et ce qui, du reste, n'est pas vrai car je connais des Français qui sont noirs... Moi, hier soir, dans le feu de notre échange, j'avais compris que François Zocchetto trouvait incongru que je livrasse le nom du poète Aimé Césaire avec Spike Lee et l'Afrique parce que ce poète était Français de la Martinique - et non Africain d'Afrique ! D'où ma réponse qui a fusé : "C'est quand même un noir je m'excuse de vous le dire !" Sous-entendu, c'est pourquoi je le cite, lui aussi, dans ma "triplette africaine"... J'étais sidéré qu'il n'ait pas compris qu'un personnage comme Aimé Césaire ne puisse être d'emblée associé à l'Afrique car, outre le fait qu'il soit noir, il fut l'un des chantres de la négritude...
Et ce d'autant que cette grande figure littéraire est, elle aussi, à l'affiche du spectacle de la compagnie T'Atrium qui, cet été, nous "propose une mise en musique et en son des grands discours des figures africaines et afro-américaines du XXe et XXe siècles..." Donc Zocchetto est en quelque sorte "hors sujet" quand il vous annonce tout guilleret que Césaire est Français... Oui, même si Césaire, en tant que Martiniquais, était également Français, ce que je sais comme tout le monde, merci Monsieur le maire. Mais, dans le cas de mon intervention, je le répète, j'évoque l'un des chantres de la négritude. D'où, j'y reviens, ma réponse : "C'est quand même un noir je m'excuse de vous le dire !"
Cette incompréhension est à l'origine de la crise - hautement ridicule - qui a suivi et de l'accusation de racisme qui a été lancée. Eh oui, je le crois. Car tous les collègues, manifestement, ont compris que j'avais voulu dire qu'on ne pouvait pas être - je le redis - noir et Français. Alors que pour moi, enfin : pour que mon exemple (qui paraphrase une célèbre citation de Jean Yanne) ait du poids, il fallait qu'il concernât nécessairement trois noms liés à l'Afrique... Et trois noms en lien avec l'un des spectacles, celui de la Compagnie T'Atrium (je me répète, j'en ai conscience, mais cette histoire a fait tellement de bruit qu'il faut être le plus précis possible...)
Donc, quand la bronca s'installe, vous comprenez qu'il est impossible de dire que Césaire est noir sans susciter un tollé ? Oui. Que comprendre d'autre ? J'ai quand même bien le droit de dire ce que j'ai dit, non ? Ou alors nous vivons dans une dictature...
Mais à partir du moment où vous comprenez ce que vous comprenez ("Hein, quoi ! Comment ! on ne peut plus dire que Césaire est noir !") et que les élus, eux, comprennent ce qu'ils comprennent ("On ne peut pas être noir et Français"), cela ne peut que dégénérer... Bien sûr ! Mais les choses se sont passées en deux temps. D'abord il y a eu ma critique concernant le programme de la bibliothèque qui s'achève par la bronca de mes collègues suite à ma remarque : "C'est quand même un noir, je m'excuse de vous le dire !" Il y a de la tension, certes, mais la séance du conseil n'est pas interrompue... Et je fais même, quelques minutes après, une autre intervention - dans un calme total cette fois - concernant l'achat d'un tableau que j'évoquerai dans un autre compte rendu.
Ben alors, la crise est venue après ? Oui, vingt-cinq minutes après, quand Boyer a demandé la parole à Zocchetto pour évoquer la délibération concernant la "désaffectation et déclassement des îlots A1 et A3 du quartier Ferrié" qui, vous l'avez deviné de vous-même, n'a rien à voir avec le programme des réjouissances estivales en matière de culture. Il a demandé la parole, l'a obtenue et d'emblée a exprimé son désir de porter plainte contre moi pour mes "propos racistes" !!!
Qu'a-t-il dit exactement ? "Je voudrais revenir un instant sur l'incident de tout à l'heure. Je voudrais vous dire que nous sommes très choqués par les propos qui ont été tenus par un élu municipal et que nous soutiendrons toute plainte portée par la Ville pour les propos racistes tenus dans cette enceinte."
Mazette ! Des "propos racistes" ! Il y va fort le Jean Cricri ! Ce sont exactement ses paroles. Inutile de vous dire que j'étais sidéré car je croyais "l'affaire Césaire" derrière nous. Et que croyez-vous qu'il arriva ? Eh bien Zocchetto l'a laissé s'exprimer sur le sujet, qui n'avait RIEN à voir avec la délibération que nous devions étudier ! Il est donc entré dans son jeu au lieu de lui donner la seule réponse qu'il fallait lui donner : "Monsieur Boyer, ce n'est pas le sujet de cette délibération, merci de parler du sujet qui nous intéresse..." J'étais ulcéré - oui, ulcéré - et ai demandé la parole pour le dire. Et, ne l'ayant pas obtenue, j'ai tenu à m'exprimer sans micro...
Forcément puisqu'on vous traite publiquement de raciste et qu'on ne vous permet pas de vous exprimer... Oui. Et ce avec d'autant plus d'impatience que je les entendais envisager, comme deux vieux camarades, de porter plainte contre moi pour "propos racistes", en fait pour avoir dit que Césaire était noir... Et c'est à ce moment-là que le ton a monté d'un cran, je le reconnais. Mais c'était entièrement de leur faute ! Et, surtout, de la faute de Zocchetto car s'il avait respecté le sujet de la délibération technique sur laquelle Boyer devait s'exprimer et dit à ce dernier de ne plus parler de l'affaire Césaire...
Vous auriez pu éviter une crise qui a beaucoup choqué le rédacteur de Ouest-France, lequel, en vingt ans de métier, n'avait jamais vu une telle excitation chez un élu municipal... Oui, certainement. Il n'y aurait eu aucune colère. Aucune. Quand on me laisse m'exprimer au micro, je ne crie pas car je veux que mes interlocuteurs m'entendent...
Mais cette crise démontre aussi que bien se faire comprendre, même quand on sait a priori manier les mots, n'est pas une chose aisée... Surtout quand on aborde, au conseil municipal, des sujets devenus chauds comme la braise à cause du politiquement correct... Un mot, un seul, l'adjectif "noir" aura mis le feu au poudre...
Nous vivons vraiment dans un pays de malades et un pays malade... Ah, ça oui ! Mais maintenant, si vous le permettez, avant de reprendre le compte-rendu du conseil, je tiens à publier ce petit entretien, tout à ma joie de faire connaître, à ceux que ça intéresse, ce quiproquo qui a suscité tant de décibels... et, certainement, chez certains, une sorte de haine à mon égard...
Un dernier mot ? Oui, merci à Jérôme Bezannier - non pour son article écrit à chaud, que je m'étais promis de critiquer - mais pour m'avoir expliqué le pourquoi de ces réactions extrêmement vives de la part de mes "chers" collègues... réactions que je peux désormais comprendre même si... je les trouve excessives et, surtout, si je ne retire rien - absolument rien - de ce que j'ai dit sur la propagande immigrationnisme. Rien ! Nous sommes en France et non en Afrique. Enfin, pour l'instant...
De plus, je signale que j'ai été élu en mars 2014 à la tête d'une liste qui osait critiquer "l'africanisation de Laval". Donc, quand je constate trois ans après mon élection une "africanisation du programme estival", que cela plaise ou non, je suis tout-à-fait dans mon rôle de critiquer cette dernière. Les gens ne m'ont pas élu pour que je fasse risette à Monsieur Zocchetto. Cela s'appelle la démocratie, tout simplement. Un mot que, visiblement, détestent Monsieur Boyer et son ami et successeur François Zocchetto...
Vive la France qu'on aime ! Vive la liberté d'expression ! Vive l'esprit français !
A plus , cher et vaillant JCG ! A plus, cher Bois-Renard.