Le discours non censuré du conseiller JC Gruau
Incroyable mais vrai ! Le 23 avril 2014, lors de la première séance du conseil municipal de Laval, le nouveau maire François Zocchetto a coupé le micro du conseiller d'opposition J.C. Gruau alors qu'il donnait son avis sur les treize adjoints choisis par la nouvelle municipalité (après avoir évoqué - librement, cette fois - le problème de l'occupation de la salle réservée à l'opposition municipale). L'internet permettant désormais d'informer les citoyens les plus exigeants, je vous livre l'intégralité du second discours tel que... personne n'a pu l'entendre !!! Bien sûr, pour ceux que ça intéresse, j'ai mentionné le moment où le micro n'a plus permis que le conseiller d'opposition s'exprime...
"Le 4 avril dernier, lors du dernier conseil, j’avoue avoir été surpris de recevoir dans la petite chemise verte posée près de mon micro actuellement actionné, deux prospectus concernant chacun un régime de retraite complémentaire réservés aux élus locaux : FONPEL et CARE.
En apprenant dans le Courrier de la Mayenne de la semaine dernière que vous alliez nous rémunérer, je comprends mieux maintenant le pourquoi de ce document…
Seulement, avouez qu’il y a quand même tromperie sur la marchandise car avec les 30 euros par mois que vous allez nous octroyer, soit 360 euros par an, soit 2 160 euros pour six ans le « revenu pour l’avenir » – je cite le document FONPEL - est loin – très loin - d’être assuré !
Car vous le savez mieux que personne nous sommes dans l’incapacité de cotiser pour une éventuelle retraite…
En revanche, je vous suis reconnaissant de me donner de quoi emmener une fois par mois mes deux derniers enfants dans leur restaurant préféré, la pizzeria Del’Arte car ces derniers peuvent prendre un menu Angelo à 6,90 € et bibi un menu Del Arte à 14,50 €, celui qui permet de déguster un dessert qui honore vos racines italiennes, la Panacota avec nappage au chocolat noir… Je pense même pouvoir être en mesure de jouer les grands seigneurs en laissant un pourboire pour le personnel…
Au risque de vous surprendre, je ne vous en veux pas de nous donner une somme pareille mais je désapprouve le fait que vous accordiez à chacun de vos adjoints 1 672,65 € par mois ce qui leur permettra d’obtenir en six ans la coquette somme de 120 430 €. 120 430 € !
Servir ou se servir en politique, that is the question, aurait dit Shakespeare !
Monsieur le sénateur-maire, au risque de vous surprendre, je trouve en effet que ces rémunérations dévolues à vos adjoints sont trop importantes eu égard à la situation de nos finances publiques, au travail qui sera réellement effectué, à la situation socio-professionnelle de la plupart de vos adjoints et enfin, à l’objectif que vous vous êtes fixé de baisser de 10% les impôts locaux la première année.
Car il faut que les Lavallois sachent que ces treize adjoints vont leur coûter – en six ans – la somme énorme de 1 565 590 €.
Concernant votre indemnité de maire, merci pour votre générosité mais j’ai déjà indiqué au tout début de la campagne électorale que vous n’aviez guère de mérite à la refuser vu que vos émoluments sénatoriaux vous rapportent plus que ce que la mairie ne peut vous offrir… Et comme vous êtes de toutes façons limité dans le cumul des indemnités, avouez que votre geste, pour intéressant qu’il soit, perd un peu de sa noblesse…
J’eusse apprécié, en revanche, que vous abandonnassiez le Palais du Luxembourg et ses moquettes épaisses, ses appariteurs payés à vous admirer et tout le tralala qui en met plein la vue aux électeurs locaux pour vous consacrer uniquement à la mairie de Laval mais c’est manifestement là chose impossible car les avantages qu’offre le sénat ne se refusent pas…
En tout cas, vous, vous ne les refusez pas !
Je vous le dis tout net : c’est dommage car cet abandon aurait eu un certain panache ! Un panache certain même car chacun le sent bien, la politique française, pour se refaire une bonne opinion auprès du bon peuple, a besoin de gens réellement désintéressés - et non de carriéristes qui lorgnent d’abord sur leur compte bancaire avant de penser au pot commun, à l’intérêt général…
Toutefois, en attendant la date butoir de 2017, date butoir qui a conduit M. Garot à ne pas se représenter à la mairie, vous démontrez que vous êtes comme les autres, et que vous avez choisi d’aller jusqu’au bout d’une situation que l’on jugera scandaleuse dans quelques années…
Car le sénat, Charles de Gaulle et Lionel Jospin l’ont chacun dit à leur manière, n’est pas plus nécessaire à la bonne marche de nos affaires publiques que ne l’était le secrétariat d’Etat à l’agro-alimentaire.
Tout le monde le sait mais personne ne le dit vraiment…
Ce point évoqué, deux mots concernant vos adjoints.
Vous en avez donc choisi 13 – un chiffre très important que je n’ai point contesté le 4 avril car j’avais espoir d’y trouver deux thèmes, deux secteurs que les désordres du temps présent imposent mais que vous avez volontairement laissés de côté en bon centriste que vous êtes.
Je pense à la famille, cellule de base de la société. On mesure chaque jour les ravages de son délitement, de son éclatement, tous les psychologues, travailleurs sociaux et autres enseignants honnêtes vous le confirmeront. Plus que jamais les parents ont besoin d’être confortés dans leur navigation familiale et la Mairie, via une adjointe, aurait pu les aider.
Ce ne sont pas pourtant, que je sache, les adeptes de la famille qui manquent dans votre équipe ! Je pense bien sûr à votre adjointe du MPF, qui est plus crédible dans ce domaine que dans celui que vous lui avez confié, la sécurité. A ce sujet, je constate que nous vivons une bien triste époque puisqu’il ne s’est pas trouvé un seul gaillard parmi vous pour prendre cette fonction ! Il y a 37 ans, en 1977, le chanteur Patrick Juvet triomphait avec son tube « Où sont les femmes ? » Aujourd’hui, s’il revenait il cartonnerait en nous demandant « Où sont les hommes ? » Je vous rappelle que depuis votre arrivée – et bien que vous n’y soyez pas pour grand-chose – un homme a été poignardé dans un TUL et un gala de boxe s’est achevé dans la violence… ça promet…
L’autre grosse déception tient à l’absence d’un adjoint chargé de l’immigration et de ses flux qui posent d’innombrables problèmes à notre cité.
Là encore, tout le monde le sait et personne ne dit rien !
Et pourtant tous ces nouveaux arrivants, n’est-il pas naturel qu’une mairie se soucie de leur nombre ? , de leurs coutumes ?, de leurs spécificités culturelles et religieuses ?, qui ont des conséquences – le plus souvent – fâcheuses sur le logement social, les écoles élémentaires, les cantines scolaires et, entre autres, la délinquance !
Je le dis comme je le pense : il eût fallu, dans ce domaine, choisir une personne connaissant d’autant mieux le sujet qu’elle peut se targuer d’avoir remarquablement réussi son arrivée parmi nous. Cette personne, monsieur le maire il ne vous a pas, je l’espère, échapper que vous l’aviez dans votre équipe - et à la droite de Dieu si j’ose dire puisqu’il s’agit de la très dynamique franco-marocaine Samia Soultani-Vigneron.
J’étais à la salle po, monsieur le maire, ainsi que vous-même d’ailleurs, ce soir de mars 2008 où, colistière du candidat d’Aubert, la belle Samia fit son entrée en politique via un discours très réussi. Je me souviens de sa déclaration d’amour pour son nouveau pays, du respect que la France lui inspirait. Ce fut le meilleur moment d’une élection qui s’acheva par la victoire de qui vous savez. Samia Soultani, ce soir-là, sut démontrer qu’un étranger qui le souhaite vraiment peut nous rejoindre. Et même porter l’un des plus beaux noms de notre culture, Vigneron.
Il lui suffit d’aimer la France, d’apprendre les subtilités de notre langue et de respecter toutes nos coutumes. Las, pour une Samia combien de profiteurs du Système entrent chez nous pour des raisons où l’amour du pays compte pour du beurre !
Le micro a été coupé à ce moment précis, empêchant qu'on puisse entendre la suite, que je vous livre présentement :
Dans ce domaine ô combien essentiel, votre première colistière aurait pu jouer un rôle important en montrant à certains arrivants la marche à suivre pour se faire accepter, apprécier, aimer, la marche à suivre pour aimer le pays d’accueil, tout simplement. Mais vous avez préféré lui donner un hochet lié à la création d’emplois qui, chacun le pressent, n’a aucune chance de donner du fruit. Car si cette enseignante-chercheuse de qualité connaissait la recette pour lutter contre le chômage, elle serait déjà présidente de la république depuis belle lurette ! En tout cas, dommage pour Laval.
Pour le reste qu’il me soit permis de vous féliciter d’avoir promu deux « professionnels de santé » comme on les appelle aujourd’hui.
Je pense à la pharmacienne Gwendoline Galou dont la seule présence suffira à réjouir tous les séniors de notre cité et autres petits vieux qui ont su garder de bons yeux. Mais je pense surtout à la nomination du chirurgien Philippe Habault au poste de grand argentier car un homme qui sait manier le bistouri pour soigner nos artères n’aura – je pense - aucun mal à extraire les kystes et autres tumeurs malignes qui, bien qu’elles soient nichés dans le budget de la Ville, font avant tout souffrir tous les contribuables de notre cité.
Y compris pour ceux qui sont en bonne santé.
Merci de m’avoir écouté.