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Dès 1944, Bernanos dénonçait la "Machinerie"

robotsBien que certains s'en accommodent parfaitement, le monde actuel ne tourne pas rond. Pas rond du tout ! Dès 1944, un écrivain français de qualité supérieure, Georges Bernanos, avait compris pourquoi. L'explication se trouve dans une phrase à apprendre par coeur de son livre La France contre les robots :  « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute vie intérieure. » Comment lui donner tort ? 

 La « Machinerie »

Si Bernanos a pu écrire cette phrase dès 1944, c’est que la société dans laquelle il vivait était déjà blessée au cœur par « la Machinerie qui ne crée par seulement les machines » mais aussi « de nouveaux besoins qui assureront la vente de nouvelles machines. »

Bien sûr, « la seule machine qui n’intéresse pas la Machine, c’est la Machine à dégoûter l’homme des machines, c’est à dire d’une vie tout entière orientée par la notion de rendement, d’efficience et finalement de profit. »

L’esprit de cupidité

Bernanos indiquait aussi que la prolifération des machines « développera d’une manière presque inimaginable l’esprit de cupidité ».

Cupidité , le Petit Robert nous informe qu’il s’agit du « désir indécent et mesquin de gagner de l’argent, de faire argent de tout… » Qui peut nier que la cupidité n’est pas le maître-mot de la société d’aujourd’hui, qui ne pense qu’à consommer encore et toujours plus ?

La vitesse, le rendement

Dans « La France contre les robots », Bernanos attaque cette frénésie de consommation qu’il voit venir à la vitesse d’un cheval au galop, cette importance démesurée attachée aux choses matérielles. Mais il s’en prend aussi au culte de la vitesse et du rendement…

« La paix venue vous recommencerez à vous féliciter du progrès mécanique, écrit-il en 1944. « Paris Marseille en un quart d’heure, c’est formidable ! » Car vos fils et filles peuvent crever : le grand problème à résoudre sera toujours de transporter vos viandes à la vitesse de l’éclair. Que fuyez-vous donc ainsi, imbéciles ? Hélas, c’est vous que vous fuyez, vous-mêmes ! »

La vie intérieure

Pour ce pamphlétaire, cette course folle vers la consommation risque de tuer la vie spirituelle et, partant, celle de l’homme qui « n’a de contact avec son âme que par la vie intérieure », laquelle, « dans la civilisation des Machines, prend peu à peu un caractère anormal ».

Pour Bernanos la vie intérieure revêt une importance fondamentale car elle seule peut offrir aux hommes « les valeurs indispensables sans quoi la liberté ne serait qu’un vain mot ».

Pas besoin de MP3 !

Mais pour exister, se nourrir, s’enrichir, cette vie intérieure a besoin de silence, de contemplation.

Elle n’a pas besoin des outils que notre monde consumériste présente comme indispensables au bonheur terrestre :  iPhone  iPod, MP3, GPS, téléphone portable, appareil photo numérique, clé USB et tutti quanti…

Liberté de penser

Elle a surtout  besoin de liberté de penser, la vie intérieure.

Là-dessus Bernanos est très clair : « La plus redoutable des machines est la machine à bourrer les crânes, à liquéfier les cerveaux. »

Ces paroles sont écrites à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avant que dame Télévision ne vienne chaque soir indiquer à des millions de Français ce qu’ils doivent croire et penser, aimer ou exécrer, ce qu’ils doivent acheter surtout…

Chacun se souvient des propos de l’ancien PDG de TF1, Patrick Le Lay, qui se vantait de « rendre le cerveau (des téléspectateurs) disponible pour Coca Cola. »

Résister

Georges Bernanos est mort en pensant que la France, « héritière de la civilisation hellénique », refuserait « d’entrer  dans le Paradis de Robots ».

A chacun d’entre nous d’imaginer quelles seraient ses conclusions s’il revenait sur terre aujourd’hui pour vérifier la justesse des prophéties contenues dans La France contre les Robot.

 

 

 

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