Bernard Le Pecq avant la Résistance
Avant de rejoindre la Résistance et de se faire tuer par la Gestapo, en 1943, le Lavallois Bernard Le Pecq a connu une existence dorée de jeune bourgeois.
Françoise de Villèle
Bernard Le Pecq est né quelques semaines après le début de la Première Guerre mondiale, le 27 juillet 1914, à Laval, dans une maison bourgeoise située au n°103 d’une rue qui portera son nom en 1945, la rue d’Ernée.
Il est le fils d’une famille aisée de négociants de l’Ouest (chiffons, plumes et ferrailles) qui dispose d’une automobile et emploie un chauffeur et une gouvernante. Quand Bernard pousse son premier cri, ses parents, Michel et Marie Le Pecq, ont déjà une petite fille de 4 ans, Andrée ; ils en auront une seconde en 1921, Françoise qui épousera Stanislas de Villèle.
Au collège de l’Immaculée Conception de Laval, ce beau gosse se fait remarquer à la fois comme chahuteur et comme bon élève capable de faire rire ses petits camarades tout en raflant des premiers prix…
Paris, Oxford, Vienne
En 1930, il « monte » à Paris pour y préparer son bachot. Particulièrement doué pour les langues étrangères, il ira perfectionner son anglais à Oxford (1931-1932) puis, l’année suivante, son allemand à Vienne (1932-1933).
C’est dans la ville de Johann Strauss que ce grand sportif devant l’Eternel découvrira le ski alpin. Ainsi que "le judo auquel l’initieront des Japonais… autrichiens", confie sa sœur Françoise. Par ailleurs, Bernard se défend très bien au tennis et en natation, qu’il pratique dans les endroits chics de l’époque : Dinard et La Baule.
Pilote d’avion
Son grand dada, c’est de piloter des avions de tourisme. Dès 1933, sitôt breveté, il commence à effectuer de nombreux vols aux quatre coins du pays. Aventurier dans l’âme, il participe aussi à plusieurs raids et à des rallyes lointains, comme celui du Caire, totalisant ainsi assez rapidement 207 heures 57 minutes de vol comme pilote civil.
Pas étonnant que, en 1934, quand sonne pour lui l’heure du service militaire, Bernard effectue ce dernier à la base militaire d’Istres. Breveté militaire le 12 mars 1935 (et premier de sa promotion), il est renvoyé dans ses foyers en octobre 1935 et classé dans la réserve avec le grade de sergent…
Ginette Lévy
Mais Bernard Le Pecq n’est pas seulement heureux dans les airs (il obtient en 1937 son brevet de pilote de transport public), il l’est aussi quand il se trouve en compagnie d’une belle jeune fille dont il est tombé amoureux. L’heureuse élue s’appelle Ginette Lévy et mérite le qualificatif de judéo-chrétienne puisque son père est juif et sa mère catholique.
Le jeune couple se marie en 1938 et s’installe à Laval, rue Félix-Faure, à quelques centaines de mètres de l’entreprise familiale de la rue d’Ernée où Bernard travaille aux côtés de son père Michel.
Edouard Daladier
Malgré les menaces de guerre qui s’amoncellent à l’horizon, Michel et Ginette Le Pecq veulent croire au bonheur, fonder une famille, profiter de la vie. Après tout, le président du Conseil Edouard Daladier (alias Le Taureau du Vaucluse) et son collègue british Neville Chamberlain n’ont-ils pas « sauvé la paix » à Munich en septembre de cette même année 38, en négociant avec Hitler et Mussolini ?
Et Charles Trenet ne chante-t-il pas « Y’a d’la joie » ?
Le pacte Hitler-Staline
Toutefois, le sergent Le Pecq n’en continue pas moins à s’entraîner dans les réserves au G.I.R.A. de Villacoublay. Toujours brillant, il remporte le concours des pilotes de réserve et reçoit son prix des mains du ministre.
Nous sommes en juillet 1939…
Le Lavallois réussit ensuite son certificat d’aptitude au commandement, le 21 août 1939. Soit deux jours avant la signature d’un sinistre pacte de non-agression entre l’Union soviétique du camarade Staline (idolâtré, à l’époque, par des milliers de Français et la fine fleur du gratin intellectuel) et l’Allemagne du Führer Adolf Hitler…
La déclaration de guerre
Le 3 septembre, deux jours après l’invasion de la Pologne par les Nazis, l’Angleterre puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne.
Rappelé le 26 août en activité dans l’armée de l’air, Bernard Le Pecq s’apprête à faire son devoir comme pilote de chasse dans un groupe estampillé III/10. Une nouvelle page de son histoire commence, la plus héroïque, la plus tragique aussi, qui fera de lui un héros dont les aventures sont narrées ici.