Bernard Le Pecq tué par la Gestapo
Après de beaux combats aériens, Bernard Le Pecq rejoint les rangs de la Résistance. Mais la Gestapo met fin à son héroïsme le 18 octobre 1943.
Messerschmitt 109
Mobilisé comme pilote de chasse dès le 26 août 1939, dans un groupe estampillé III/10, le jeune Bernard Le Pecq s’apprête à donner le meilleur de son patriotisme pour faire face, au-dessus du plancher des vaches, à l’envahisseur nazi.
Du 10 mai 1940 (date de l’offensive allemande à l’Ouest) au 14 juin (les Nazis à Paris), il sera du reste le seul de son escadrille à abattre trois avions ennemis au cours de trois combats qui lui vaudront trois citations à l’ordre de l’armée avec la Croix de guerre et trois palmes…
Pour info, il faut savoir que ces trois avions ennemis étaient dotés de qualités techniques très supérieures à celles du « Bloch » que pilotait Le Pecq : il y avait en effet deux bombardiers rapides « Dornier 17 » (alias « le crayon volant ») et un Messerschmitt 109 (l’avion le plus moderne et le plus meurtrier de son temps, engagé dans la Légion Condor en Espagne).
L’Appel du 18 Juin
Néanmoins, les exploits du pilote né à Laval en 1914 ne changent point le cours des événements pour la France, battue à plate couture trois semaines après le début de l’attaque allemande. Résultat : mi-juin, Le Pecq est embarqué avec une partie de son escadrille en Afrique du Nord (dans un « Dewoitine 333 ») où il entendra le fameux « appel du général de Gaulle »…
Démobilisé le 29 juillet 1940, il retourne à Laval retrouver sa femme et son travail. Mais, patriote obsédé par l’action, il refuse d’attendre les bras croisés que les choses s’arrangent d’elles-mêmes pour son pays.
La Résistance
En mars 1942, il entre dans la Résistance et devient responsable régional du réseau Marathon-Ronsard, sous le pseudonyme de « Chinchilla 66 » ; il mène désormais la « double vie » réservée aux soldats de « L’Armée des Ombres ».
Ses actions ? Repérer des terrains pour d’éventuels parachutages et atterrissages d’avion. Pour couvrir ses déplacements dans l’Ouest de la France, il utilise ses activités de négociant en plumes et récupérations diverses.
Charles de Gaulle
La découverte de ces activités pouvant lui valoir la mort ou, pire, la torture, Bernard les cache à sa famille. Seule sa jeune sœur Françoise – future Mme de Villèle - est dans la confidence, histoire de savoir qui prévenir d’urgence en cas de coup dur…
Appelé à Londres en août 1943, Le Pecq y rencontre Passy et de Gaulle. « On lui propose de rester en Angleterre, indique son camarade de guerre Christian Mazo, et de reprendre une place de pilote de chasse dans l’un des groupes de la France Libre. Il accepte le principe, mais pour plus tard ; il ne peut pas abandonner ses compagnons et son poste en France… »
La Gestapo
Revenu en France, Bernard Le Pecq annonce à ses proches « qu’avant Noël prochain, il repartira définitivement en Angleterre comme pilote ».
Hélas, le 10 octobre 1943, sur dénonciation d’un de ses membres, son organisation est découverte et, le 15 au matin, Le Pecq est arrêté. Cet événement sinistre, Françoise de Villèle s’en souvient comme si c’était hier : « J’étais dans la cuisine quand j’ai vu une Citroën noire arriver dans la cour et trois hommes en civil en sortir ».
Françoise se souvient surtout du dernier regard que Bernard lui a lancé : « Un regard qui disait : Lève les voiles, petite soeur ! Et va prévenir dare dare les personnes que tu sais maintenant en danger ! » Avec sa bicyclette, la jeune soeur saura s’acquitter de son devoir…
Avenue Henri-Martin
Sitôt faits prisonniers par la Gestapo, Bernard et Ginette Le Pecq sont embarqués dans une voiture et conduits à Paris, avenue Henri-Martin, dans l’une des antennes de la Gestapo.
Confronté à l’un de ses délateurs, « placé devant le fait accompli », Bernard Le Pecq est ensuite enfermé avec un gardien.
Trois jours plus tard, « le lundi 18 octobre, à 13 h », sa porte à peine ouverte pour la relève du gardien, il « assomme l’un d’eux, bouscule l’autre, et s’enfuit en courant vers la sortie… »
Mort en héros
Mais soudain, un coup de revolver retentit, qui le blesse assez gravement pour que, 150 mètres plus loin, en direction du boulevard Suchet, Bernard s’écroule.
Rattrapé, il est « probablement achevé », à moins qu’il ne se soit empoisonné avec la pilule de cyanure qu’il portait sur lui.
« Mais il n’a pas parlé ! », signale, dans l’article publié par ICARE (Aviateurs et Résistants, tome 5), son ami Christian Mazo.