1947, la naissance des TUL
Il était une fois un jeune homme fourmillant d’idées, Bernard Plet, et un chauffeur de taxi qui avait des relations, Charles Chevalier…
Ainsi débute l’histoire des Transports Urbains Lavallois – les fameux TUL - qui assurèrent leur premier service dans les rues de Laval le 1er janvier 1947, il y a plus de 65 ans…
Aérodrome de Laval
A la Libération, le jeune Bernard Plet effectue son service militaire à l’aérodrome de Laval, dans une petite unité d’aviation. Fourmillant d’idées, il profite du temps libre que l’armée lui offre pour réfléchir avec un copain ingénieur sur un projet de réseau de transports en commun pour la ville de Laval…
Son projet bouclé, Bernard le présente à Alfred Cosmes, son voisin de la rue du Britais qui est alors le secrétaire général adjoint de la mairie de Laval. Intéressé par ce projet, Cosmes en touche deux mots à son patron qui accepte de recevoir ce sympathique Géo Trouvetou…
Francis Le Basser
Las, le jour du rendez-vous, le Docteur Le Basser témoigne peu d’enthousiasme pour ce projet. En ces années de reconstruction, le maire de Laval estime avoir d’autres chats à fouetter : « Y’a pas assez de population, ce sera pas rentable ! », lance-t-il au jeune homme.
Devant cette tiédeur, Cosmes suggère à Plet d’en toucher deux mots à leur voisin commun, Charles Chevalier, un chauffeur de taxi indépendant qui a de l'entregent, des relations solides. Emballé par ce projet, ce dernier en vante les mérites à ses copains de la Mairie qui, comme lui, ont été résistants puis déportés à Dachau : Robert Hardy, Jean Hunaut et - encore lui !- Francis Le Basser…
Un groupe de travail est illico constitué pour plancher sur le sujet…
Le groupe VIA GTI
A l’époque, pour aider les anciens déportés à monter certains projets participant à l’effort de reconstruction du pays, le Gouvernement alloue des subventions.
Charles Chevalier n’hésite pas : il abandonne son métier et crée avec Bernard Plet (qui cassera, lui aussi, sa tirelire) une entreprise appelée à un brillant avenir : la Compagnie Française de Transports, qui fusionnera avec le groupe VIA GTI en 1986.
La Mairie, elle, autorise les premiers Transports Urbains Lavallois à circuler dans la ville dont ils portent le nom…Reste à trouver les véhicules…
La carrosserie Gruau
Comme ces derniers n’existent pas, Robert Hardy, concessionnaire Renault installé place du 11-Novembre, commande des châssis à la régie nationale du même nom et demande à la carrosserie Gruau de créer un modèle sur mesure.
Enchanté d’avoir à relever pareil défi pour la ville où il s’est installé professionnellement en 1928, Marius Gruau transforme alors trois 1 400 kg Renault en bus de couleur rouge capables de porter une douzaine de voyageurs assis et autant debout…
Pendant ce temps, Bernard Plet fabrique lui-même les premiers poteaux de signalisation des arrêts. Poteaux qu’il avait peints en jaune et rouge…
Albert Goupil
L’inauguration officielle a lieu le 27 décembre 1946, chez Gruau, près de l’ancien champ de foire. Dans son discours, le nouveau maire Albert Goupil insiste sur le fait qu’aucune ville de la taille de Laval ne possède encore un réseau de transports en commun…
Il apprécie aussi « hautement l’heureuse décision du conseil d’administration de ne pas faire appel à la subvention municipale. » Et d’ajouter : « Ce n’est du reste que justice ; le boucher, pas plus que le boulanger ne comptent sur les subventions ! Une affaire bien menée doit vivre par elle-même… »
Suit une randonnée à travers la cité saluée par une foule de Lavallois enthousiastes, qui s’achève place du 11-Novembre où les véhicules, près des « fesses à Gonnet», sont exposés à la curiosité publique tout l’après-midi...
Trois lignes desservies
Les TUL entrent en service le mercredi 1er janvier 1947. Les lignes desservies sont au nombre de trois : Caserne Schneider-Gare (A) ; Usine des Eaux-Avesnières (B) et Gué d’Orger-Cité Pasteur (C).
Le service est assuré tous les jours sauf le dimanche. Un départ dans les deux sens a lieu toutes les demi-heures, de 7 h 30 à 19 h 30. Après, les trois « beautés » rentrent dormir dans la cour de « papa Chevalier », rue du Britais qui les nettoie avec son tuyau d'arrosage…
Keolis
Leur premier local est situé rue Jules-Ferry, dans les locaux de l’ancien commissariat…
Ces TUL connaissent immédiatement le succès et séduisent des villes comme Saint-Brieuc, Reims, Roanne et Versailles qui en commandent rapidement. On en voit même sur certaines lignes à trafic réduit de Paris et de banlieue où ils assurent le service pour le compte de la RATP.
Gérés, exploités et commercialisés par Keolis, les TUL – qui viennent de changer de couleur (2010) - desservent les 20 communes de Laval Agglomération depuis les mandatures de François d'Aubert…