La fête du Gué d'Orger
La première fête du Gué d’Orger eut lieu en 1945 pour fêter la mort d’Hitler et la Libération. Cette année-là, dans toutes les communes de France, alors que des prisonniers rentraient au pays, un char représentant « Tonton Adolf » était brûlé en place publique…
L’édition 1945 eut tant de succès que ses organisateurs la renouvelèrent l’année suivante… Et ça dure ! Généralement le premier weekend de juin…
Queruau-Lamerie
L’édition 1946 présente toutefois un changement: il n’y a plus d’Hitler à brûler mais seulement un défilé de chars qui, pendant une bonne dizaine d’années, préparés par des bénévoles, seront «stockés» aux établissements Gruau Charpentes Bois d’où partaient, boulevard du 8 Mai 1945 justement, tous les défilés.
(Après que ce boulevard eut été refait, les défilés partirent de l’hospice Saint-Louis créé par un de ces maires de Laval qui ont donné leur nom glorieux à une plaque de rue de leur cité, Pierre Queruau-Lamerie…)
Paul Gruau
A l’époque, 1945 et 1946 donc, la première équipe était constituée des personnalités suivantes: Mme Griou, institutrice, M. Gruau, entrepreneur en charpentes bois, Rouzière, bourrelier, Royer, marchand de charbon, Landais, buraliste, Trouillard, agriculteur (ses champs étaient sur le terrain occupé actuellement par la maison de quartier), Triguel, également agriculteur, Lepage, maréchal-ferrant, Changeon et Chevalier, cordonnier.
Dix ans après, alors que Paul Gruau est toujours président du comité des fêtes (il le restera jusqu’à sa mort en 1985), Germain Guesdon entre en scène (il tient le café à l’angle des rues du Gué d’Orger et du Ponceau) et commence une longue «carrière» d’animateur du comité des fêtes qui s’achèvera à l’aube du IIIe millénaire.
Un ancien village
Durant de nombreuses années, il sait pouvoir compter sur une équipe de choc constituée de M. et Mme Réauté, M. et Mme Lecoeur, de M. Ridel, et d’une cinquantaine de bénévoles qui se sont toujours beaucoup activé pour ce quartier qui fut jadis un village…
Ce Gué d’Orger, si l’on en croit les Essais historiques sur la ville et le pays de Laval, doit la première partie de son nom au fait que le ruisseau qui le traverse formait un gué. Lequel fut remplacé par un pont de pierre lors de la création de la route de Craon dont les travaux commencèrent en 1750.
Orger, lui, pourrait être le nom d’une propriété de plaisance du bourg Hersent, propriété d’Hersende, dame du Gué d’Orger, du Bourg Hersent, d’Avesnières, et épouse de Guy II de Laval.
Tour de France 1966
Mais revenons à cette fête, qui a laissé d’agréables souvenirs dans les mémoires des «vieux» Lavallois. Le plus marquant? Le passage du Tour de France, le 26 juin 1966 (étape Caen-Angers).
Mme Garreau venait de prendre son épicerie-buvette: «c’était noir de monde, confie-t-elle en 1996 à Laval Infos. Le peloton avait beau passer en début d’après-midi, la foule attendait dès 10 h du matin sur le champ de foire!»
Jacques Anquetil
«Anquetil a traversé le Gué d’Orger en quelques secondes, complète Germain Guesdon, alors que nous préparions la fête depuis décembre.» Et de poursuivre: «On avait fait venir les fameuses majorettes du Mans qui avaient sur la tête des pompons aussi imposants que ceux de la garde de la Reine d’Angleterre!»
Plus de détails: «Il faisait si chaud qu’une d’entre elles est tombée dans les pommes et que les CRS l’ont ramenée chez elle…» Conclusion de l’affaire: «Eh bien, figurez-vous qu’à une heure du matin, un CRS est venu sonner à ma porte pour me dire que la majorette était rétablie! Quelle conscience professionnelle!»
Germain Guesdon
Lors de son interview de 1996, le président Germain Guesdon se permettait de constater ce que ses successeurs savent depuis toujours: qu’il est de plus en plus difficile de mobiliser les habitants de son quartier préféré… «Naguère cette Fête, c’était l’attraction de l’année!»
Son plus mauvais souvenir? Avoir instauré une entrée payante qui dura dix ans. «Cela a cassé la fête, avoue-t-il. Pourtant ça ne coûtait que 10 francs…» Oui, mais 10 francs de trop! Heureusement, la Fête du Gué d’Orger est depuis longtemps revenue à l’entrée gratuite…
Patrick Launay
C’est peut-être pourquoi, grâce à l’action du comité présidé depuis plusieurs années par Patrick Launay, ancien élu de l'équipe d'Aubert, elle demeure la plus ancienne fête de quartier de Laval attirant, bon an mal an, plusieurs centaines de visiteurs…
Comme le disait Mme Garreau en 1996 : « Tout dépend du temps !» Il faut que le ciel soit bleu mais pas trop, sinon « les gens partent se promener en dehors de Laval…»
