Jérôme Marsac, la passion d'entreprendre (Drastic, Cybergun, Marsac Advisors...)
Jérôme Marsac, né le 18 mai 1963 à Paris, est une personnalité franco-belge du monde des affaires mais qui mérite amplement de figurer dans notre rubrique des célébrités mayennaises, et ce pour de nombreuses raisons familiales et professionnelles...
Ancien PDG du groupe Cybergun, ex-leader mondial des armes de jeu (Airsoft gun) sous licence, groupe qu'il a fondé en 1993, Jérôme Marsac dirige depuis novembre 2014, une société de «coaching financier», Marsac Advisors, qui permet à des entrepreneurs de trouver des investisseurs pour mener à bien leurs projets mais aussi d'obtenir des conseils dans les domaines du management, du marketing et/ou des activités commerciales.
Cette large gamme de services permet à Jérôme Marsac de donner la pleine mesure d'une solide expérience accumulée au cours de quarante années de vie professionnelle. Quarante années voire davantage ! si l'on tient compte du fait que pré-ado il décrochera, dans le mitan des années 70, ses premiers trimestres de cotisations pour sa future retraite, quand il devint élève de l'école nationale de danse classique à l'Opéra de Paris (1973-1977), sous la direction de Claude Bessy, en compagnie d'élèves aussi doués que Laurent Hilaire et Eric Vu-Han. A noter que cette promo de petits rats nés en 1963 comptera également dans ses rangs, côté jeunes filles, les talentueuses Karine Averty et Marie-Claude Pietragalla. Jérôme Marsac effectuera « sur scène une bonne centaine de spectacles… rémunérés par l'Etat ! Une vie de fonctionnaire qui sera de courte durée, confesse-t-il, mais qui m'apprendra pour la vie la discipline et la maîtrise de soi…»1
Ces débuts de vie active devaient logiquement orienter Jérôme Marsac vers une carrière d'artiste professionnel mais, comme il l'a confié à son biographe Paul Henri2, contrairement au refrain d'une des chansons les plus célèbres de la comédie musicale Starmania (« J'aurais voulu être un artiste »), Jérôme, lui, voulait être un homme d'affaires, ce qu'il devint très rapidement, trente ans avant - consécration suprême - d'être encensé dans le quotidien économique le plus célèbre du globe, Le Wall Street Journal (voir plus loin). Et d'ajouter : « Une pareille trajectoire professionnelle n'est jamais arrivée à l'un des anciens danseurs de l'Opéra de Paris... »3
Cette formation de danseur évoquée, une autre des particularités de la vie de Jérôme Marsac est d'avoir réussi tout jeune dans les affaires avant de suivre une formation estudiantine spécialisée dans son domaine de prédilection, la finance ; d'abord aux Etats-Unis, en 1992 (à l'Université internationale de San Francisco où il sera élu président du bureau des élèves lorsqu'il suivra un Master en Business Administration en 1993) puis en France, à l'INSEAD(1995-1996).
De l'avis de ses proches, il y a eu deux Jérôme Marsac, celui d'avant le Master aux USA et celui d'après. Comme le souligne un ancien associé, Jean-Jacques Adam4 : «Jérôme a fait de bonnes affaires avec Drastic5 (voir plus loin) mais sans commune mesure avec ce qu'il a fait après son passage aux USA. Ce changement d'échelle, c'est le MBA ! Lequel lui a permis de se structurer et de redémarrer dans les affaires tout à fait autrement !»
Se former sur le terrain
Si Jérôme Marsac a aujourd'hui une telle expérience c'est qu'il fut contraint de gagner sa vie dès l'âge de 17 ans pour des raisons familiales ( la disparition de son père). Cette année-là, en 1980, il devient vendeur de colifichets en porte à porte puis de maquettes et de modèles réduits, sa grande passion de l'époque, dans un magasin de jouets et de modèles réduits, Magic Toys6. A noter qu'en 1980, Jérôme Marsac ne se contente pas de vendre et faire voler des avions télécommandés, il pilote de réels planeurs de quinze mètres d'envergure et remporte, dans cette spécialité, la coupe Jacques Gomy ! Devenu chef de rayon l'année de sa majorité (1981) il supervise avec brio l'ouverture de nombreux points de vente dans l'ensemble du pays et assure, malgré son jeune âge, la formation des commerciaux.
Deux ans plus tard, il est recruté comme représentant par Siccom7 pour vendre des voitures radio commandées aux détaillants et commerçants. 18 mois plus tard, fort d'un bilan commercial extrêmement fructueux, il décide de voler de ses propres ailes, en compagnie d'un associé de trois ans son aîné , Vincent Bouvet, un licencié en droit originaire de Laval (il est l'un des fils du grand artiste figuratif et ancien conservateur du musée d'art naïf de Laval, Jean-Pierre Bouvet8) qui, lui aussi, ne rêve que de créer des sociétés et, si possible, faire de l'export.
Une première réussite : CIMB-Drastic
Première création de ces deux jeunes battants qui se complètent parfaitement (à Jérôme Marsac les achats, les ventes et la finance ; à Vincent Bouvet, les formalités juridiques), une entreprise voit le jour en 1984 (dans un appartement et un garage de Paray-Vieille-Poste, Essonne) : CIMB-Drastic9, spécialisée dans l'importation de maquettes et autres modèles réduits à vendre auprès de commerces spécialisés. La France des années 80 en compte encore de très nombreux car les jeux vidéos et les portables n'ont pas encore fait leur apparition dans le quotidien des jeunes.
Pour prospérer, Drastic utilise des techniques commerciales alors inusitées qui permettent aux deux associés de livrer leurs clients en 24 heures, en recourant, entre autres, à la télévente, peu répandue à l'époque. Ils importent des produits japonais confectionnés par des marques aussi prestigieuses que Tokyo Marui et Kyosho. Le slogan de Drastic ? «Faire, Parfaire, Satisfaire». Les deux associés créent également une autre entreprise qui leur permet de vendre des produits qui ne figurent pas au catalogue Drastic, Les 3 Pylones10.
A noter que, comme nombre de constructeurs automobiles, Drastic a souhaité avoir une écurie de courses. Elle a aussi sa propre association, qui attire de très nombreux fans, le Club Drastic Compétition (dit CDC), spécialement conçu pour tous «les modélistes qui roulent, qui volent et qui flottent»
Les résultats financiers sont rapidement au rendez-vous : 3 Millions de Francs de CA en 1984, 10 MF (1985), 18 MF (1986), 40 MF (1987) et 47 MF en 1991 quand les deux associés décident de vendre à Jouef leur entreprise devenue leader sur le marché du modèle réduit dynamique en France (300 points de vente, 30 salariés). Toutefois Jouef ne réussira pas à maintenir Drastic sur les sommets et connaîtra rapidement des moments difficiles.
Entre-temps, Jérôme Marsac avait également créé deux autres entreprises : une au Luxembourg, Microtrade (1986), qui importait en Europe des produits fabriqués au Japon, en Corée et Taïwan ; et, avec une amie qui tenait un institut de beauté dans une galerie commerciale, une société de parfums, Fragrance (qu'il a revendue en 1997 et qui appartient aujourd'hui au groupe Marionnaud).
En 1992 il part une année complète avec celle qui deviendra sa plus fidèle collaboratrice, sa femme (depuis 1988) Lucile née Huignard, à San Francisco effectuer son MBA où il se lie d'amitié avec Thierry Naccache qui, comme lui, présidera le Bureau Des Elèves en offrant à ce dernier une particularité exceptionnelle : le rendre rentable via, entre autres activités, l'organisation de vente de fournitures de bureau…
En 1993, Jérôme Marsac rentre en France où, à la demande de la célèbre marque japonaise Kyosho, il devient le coordinateur de ses ventes et de son marketing dans toute l’Europe, laquelle marque japonaise connaît alors des difficultés (les ventes avaient baissé de 40%). Jérôme Marsac propose de travailler bénévolement mais à une condition : une fois atteints les chiffres d'avant la baisse d'activités, il demande à être rémunéré avec une commission de 1% sur l'ensemble des ventes. Ce qui aura lieu au bout de six mois… Car le succès est - une fois de plus - au rendez-vous : la firme japonaise double ses ventes en Europe : 70 millions de yen par mois ( octobre 1993) à 130 millions (septembre 1994).
Cette même année 1993, Jérôme Marsac supervise une nouvelle société qu'il avait créée avec Thierry Naccache, Grigny Loisirs, pour écouler le stock de jouets (fusées à poudre, boomerangs, cerfs-volants…) que Jouef, alors en situation délicate, venait de céder à l'entreprise Les 3 Pylones (nom juridique de Grigny Loisirs)….
Dès que le chiffre d'affaires de la nouvelle entreprise dépasse un million de francs par mois en octobre 1994, Jérôme Marsac met fin à sa collaboration avec Kyosho…
L'aventure de l'airsoft
Peu de temps avant cette rupture, lors d'un voyage d'affaires sur un salon professionnel en Espagne, Jérôme Marsac découvre un pistolet de jeu KWC fabriqué par une marque taïwanaise. Subjugué par la qualité de ce jouet, et pressentant une grosse opération commerciale à lancer, Jérôme Marsac en achète une quantité impressionnante et se lance sans hésiter dans la grande aventure de l'airsoft gun - la réplique d'arme factice de faible puissance projetant des billes en plastique de 6 mm .
L'idée de Jérôme Marsac et Vincent Bouvet, qui vont œuvrer de nouveau ensemble, est originale et va leur permettre de tisser la nouvelle toile des 3 Pylones (qui deviendra, plusieurs années plus tard, Cybergun) dans le monde entier : négocier des concessions de licence de marque leur donnant le droit de copier à l'identique les modèles des grands armuriers comme Beretta (première marque à avoir signé avec Marsac-Bouvet), Colt, Sig Sauer, Walther, Smith&Wesson, Desert Eagle, Springfield Armory, Taurus, Tanfoglio, Thompson, Mossberg, Uzi et, entre autres, Kalachnikov qui porte le nom d'un célèbre héros national d'URSS, Mikhaïl Timofeïevitch Kalachnikov (1919-2013), que les deux associés auront l'honneur de rencontrer dans sa datcha située à 2000 km de Moscou.
Cette collaboration entre Les 3 Pylones et les marques précitées permettent à la fois d'éviter les contrefaçons et d'obtenir des reproductions d'armes impeccables.
Ils furent les premiers à négocier toutes ces licences, et si rapidement ! que les concurrents sont arrivés trop tard… « Mais attention, indique Vincent Bouvet11, tous ces contrats de licence, il ne suffit pas de les obtenir, il faut aussi les défendre ! Car l'industrie du jouet est caractérisée par une forte contrefaçon souvent en provenance d'Asie…»
A noter que toutes ces licences - exclusives - qui étaient d'abord valables pour l'Europe se sont transformées en licences exclusives mondiales en 1999, une année exceptionnelle pour l'entreprise Les 3 Pylones qui obtient un CA quatre fois supérieur à celui de 1996, entre en bourse et devient le leader mondial de l'air soft, activité qui verra fleurir de nombreuses boutiques à Paris et en banlieue parisienne.
Autre nouveauté de l'année 1999: la découverte du marché américain, qui représentera 60% du CA en 2012. Grâce, entre autres, à la conquête de la grande distribution américaine, via la marque Academy Sports and Outdoors, une sorte de Décathlon américain créée en 1938 au Texas, à Houston et qui, en 2011, comptait 130 boutiques et totalisait 17 000 collaborateurs dans 11 états américains. Pour booster ce marché outre-Atlantique, Jérôme et Lucile Marsac s'installeront eux-mêmes en Floride durant un an, à Fort Lauderdale, la «Venise verte floridienne». La percée au pays de l'Oncle Sam s'effectuera, à partir de 2004, via une chaîne de grandes surfaces KMART deals on furniture, puis Walmart en 2005.
Mais revenons en août 2000, année qui verra Les 3 Pylones alias 3P quitter son site de Grigny pour s'installer à Bondoufle. Puis, en septembre 2001, autre grand changement : l'entreprise devient Cybergun, un nom trouvé par une Lavalloise amie des Marsac, Juliette Aubert-Zocchetto12, qui explique ainsi sa trouvaille : « Ce nom m’est venu spontanément en discutant un jour avec Jérôme et Lucile. C’était, il est vrai, l’époque où on évoquait le terme Cyber à tout bout de champ ! » A l'époque, il est vrai, pas une ville qui ne créait son cyberespace municipal ! Pas un troquet qui ne rêvait de devenir un cybercafé !
L'impact positif du cinéma !
Dans la réussite de Cybergun le cinéma jouera un rôle important. En effet, quel fabuleux vecteur de promotion pour les armes et par conséquent pour les répliques de Cybergun ! Pourquoi ces armes sont-elles prisées par les productions ? Pour leur réalisme, leur aspect inoffensif, leur absence de contraintes administratives et leur coût moindre…
Résultat : on ne compte plus les films d’action qui mettent en avant des panoplies complètes d’armes manuelles et automatiques produites ou commercialisées par le groupe de Jérôme Marsac : Matrix, Nikita, Pulp Fiction, Double Impact, Assassin, Heat, L’Arme fatale, Demain ne meurt jamais, Lara Croft Tomb Raider, Mr. et Mrs. Smith, Largo Winch…
Parfois les acteurs jouent avec une réplique Cybergun, parfois non. Mais toutes les armes considérées sont reproduites par Cybergun et le passionné qui veut en acheter une sait dans quelle boutique se rendre ! Impossible de toutes les citer !
A l’image du film ou de leur vedette, certains modèles sont même devenus des « stars » : on pense au « Walther P99 » de James Bond (Pierce Brosnan, notamment) ou au Desert Eagle 357 de Matrix (Keanu Reeves). N’oublions pas non plus de citer les films TV français comme Navarro, Julie Lescault, Une femme d’honneur… Quelle pub pour Cybergun ! Et sans verser un euro !
Ce sera aussi le cas avec la série X-Files, dont un rédactionnel paru dans le magazine éponyme du 26 avril 1998 permet de tout comprendre… Ce rédactionnel présente plusieurs dessins d’armes : Sig P226, Sig P228, Smith and Wesson, Glock ; Walther PKK, Bernardelli… et la mention suivante :
« Le Sig-Sauer 226, ainsi que toutes les armes en illustrations sur la page de gauche, ne sont pas des armes réelles mais des reproductions fidèles en plastique haute densité tirant des billes en plastique de 6 mm dont l’énergie est inférieure ou égale à environ 0,5 joule. Totalement inoffensives, elles sont distribuées en France par la société Les trois-Pylônes, spécialiste des répliques d’armes en Europe »…
Privilégier la croissance externe
Toujours prêt à tout mettre en œuvre pour se développer Cybergun va privilégier la croissance externe en rachetant plusieurs sociétés : Palco Marketing (en 2007), un grossiste basé à Minneapolis (Minnesota) permettant de livrer plus de 1600 détaillants aux USA et au Canada, puis Tech Group (2008), une prestigieuse enseigne de jouets pour les 5/12 ans présente sur les cinq continents (son produit phare : le fusil à eau automatique de 200 coups minute), puis le distributeur danois X-Guns (2009) qui deviendra Spartan… Vinrent ensuite JT Sport (2010), un acteur reconnu du marché du paint-ball, Inokatsu (2010), leader dans la conception et la fabrication de produits air soft très haut de gamme en Asie, Swiss Arm (2011), la célèbre marque suisse connue dans le domaine de la qualité et de la technologie de pointe, SMK Sportsmarketing (2011), plus gros importateur et producteur «custom» de pistolets à air comprimé, d'airsoft guns et d'accessoires liés à l'activité de tir de loisirs du Royaume Uni…
Cette période de croissance exceptionnelle sera saluée par la presse spécialisée. En 2004, dans son édition du 25 août, Le Wall Street Journal ne tarira pas d'éloges sur le dirigeant de Cybergun qui conquiert le marché américain et qui décroche le titre de « plus grand marchand d’armes factices du monde » ; et, quelques années plus tard, l'hebdomadaire Option finances, lui, dans son édition du 3 janvier 2011, propulsera Jérôme Marsac dans le palmarès des «50 qui ont fait l'actualité en 2010».
Début de l'aventure - malheureuse - des jeux vidéos...
Dès les premières années du XXIe siècle, Cybergun aura à cœur de se lancer dans la création de jeux vidéos avec un dessein clairement affiché : toucher les amateurs de ce type de passe-temps pour qu'ils achètent - chez Cybergun, bien sûr ! - les répliques des armes utilisées par leurs héros préférés...
La première marque à coopérer dans cette nouvelle opération commerciale qui se voulait ambitieuse, fut Desert Eagle. Puis vinrent Beretta, Colt, Walther… dont les répliques se retrouvent dans plusieurs jeux…
« On avait lancé la première réplique Desert Eagle cal. 50 style Lara Croft pour Play Station, indique Jérôme Marsac, c’était des pistolets réels qui permettaient de capturer le bombardement des électrons des tubes cathodiques. Evidemment, avec les changements technologiques – dans ces métiers-là, ça évolue -, avec les écrans plats, y’a plus de bombardement et plus de pistolets ! Qui plus est les clients étaient dans des situations parfois difficiles.»
Dès lors Cybergun décide de marquer le pas et de centrer ses efforts sur la percée du marché américain (voir supra). Toutefois, en 2010, l'entreprise étant financièrement jugée suffisamment solide, Jérôme Marsac décide de se lancer de nouveau dans le pari des jeux vidéos…
« Au cinéma, dans les médias, à la télévision mais aussi dans les jeux vidéo, il n’existe pas de produit plus médiatisé que les armes ; d’où l’idée de travailler sur un projet conduisant à l’achat de nos produits » indique Jérôme Marsac (La Tribune, 10 mars 2011)
Ce nouveau défi compte fortement bénéficier de l'acquisition du groupe new-yorkais 12 G Microprose, fondé en 2007 par Frédéric Chesnais.
Son modèle économique repose sur l’exploitation d’un portefeuille de licences exclusives mondiales dans l’univers du jeu vidéo (Daisy Fuentes, Freddi Fish, Jillian Michaels ou encore Gene Simmons). I2G acquiert des droits de propriété intellectuelle, structure le financement, puis confie le développement et la distribution des jeux à des partenaires définis. La société se rémunère en facturant des « fees » proportionnellement à son engagement financier et aux revenus des ventes du jeu.
Avec ce rachat, Cybergun devait renforcer sa position incontournable d’acteur mondial du tir de loisir avec une gamme de produits sans équivalent allant du monde réel au monde numérique…Pour Cybergun, l’intérêt stratégique de ce rapprochement reposait sur trois principaux axes :
- La possibilité de mettre en place des ventes croisées de produits et promotions réciproques ;
- Valoriser son portefeuille de marques sur un univers différent ;
- Diversifier ses revenus et se positionner dans un secteur historiquement concurrent au tir de loisir.
Hélas, les fameuses licences exclusives ne seront pas à la hauteur des espérances et, plus ennuyeux, des sommes investies… En effet, la création de jeux vidéos étant une entreprise tout particulièrement coûteuse, Jérôme Marsac sera conduit à s'endetter de manière importante auprès des banques…
Ces banques exigeant un remboursement anticipé, la société doit trouver de nouveaux investisseurs comme Claude Solarz (dirigeant de Paprec) et son homme-lige Hugo Brugière, avec lesquels des dissensions stratégiques ne tarderont pas à apparaître…
C'est pourquoi, le 31 octobre 2014, après un conseil d'administration organisé pour présenter le plan de restructuration de Cybergun conçu par les nouveaux actionnaires, plan qu'il s'est permis de critiquer sur deux points (les fermetures de filiales et réduction de personnel), Jérôme Marsac a été invité à quitter illico presto le groupe qu'il a fondé et dirigeait avec maestria depuis sa création…
Malgré la violence de ce départ inopiné, Jérôme Marsac a su se montrer à la fois fidèle à sa réputation de chef d'entreprise imperturbable, mais également à la formule célèbre de son penseur fétiche,
Charles Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements. »
Marsac Advisors
Et c'est ainsi que dès le 1er novembre 2014, le lendemain de son départ forcé de Cybergun, cet éternel optimiste créait Marsac Advisors, une société de «coaching financier» destinée à aider des entrepreneurs à se développer en leur trouvant les meilleurs investisseurs possibles tout en leur proposant «d'acquérir une vision créatrice de croissance».
Parmi les tout premiers clients figure l'entreprise Drone Volt créée par Dimitri Batsis et spécialisée dans la conception, l'assemblage et la commercialisation de drones civils ; Marsac Advisors l'a aidé à se développer très rapidement en fignolant son entrée en bourse qui lui a ensuite permis de trouver de l'argent afin de décrocher plusieurs marchés importants (dernier en date : 600 drones pour une société de américaine).
Marsac Advisors travaille avec de nombreuses sociétés bio-technologiques, lesquelles ont besoin de faire de la recherche. Or, quand une entreprise fait de la recherche, elle dépense nécessairement beaucoup d'argent sans en gagner…
Parmi les quelques clients de Marsac Advisors on trouve les noms suivants : Asit-Biotech, alergen-specific immunotherapy, Valbiotis, prévention et traitement des maladies du métabolisme, Bone Therapeutics, cellular bone therapy, Biophytis, new therapeutics for age-related diseases, Predilife, Breast cancer risk assessment software, Noxxon, develop novel therapies in oncology through targeting TME (Tumor MicroEnvironment)…
Témoignage de Sylain Navarro, associé de Marsac Advisors :
« On cherche des clients, des sociétés qui ont des besoins qu'on peut satisfaire. Des besoins de financement, essentiellement. C'est une sorte de coaching général.
Nous avons des clients qui, le plus souvent, n'ont aucune connaissance du marché financier, ils ne connaissent pas les usages et les bonnes pratiques de la finance. Ils ignorent, par exemple, qu'il faille communiquer régulièrement avec leurs actionnaires.
Nous essayons de présenter des outils plus pertinents que d'autres en fonction du marché, du produit, de la conjoncture économique… Nous apportons une expertise… On connaît des avocats, des communicants, des brokers et autres spécialistes de montages financiers…
Nos clients sont, pour la plupart, des entreprises cotées en bourse, ou qui souhaitent l'être rapidement. Compte tenu de leur taille souvent modestes (il y a beaucoup de start-up), celles-ci n'intéressent pas les grosses banques, qui ne veulent que des grandes entreprises afin que leur travail soit rentable.
Notre souci est d'être efficace, d'être rapidement rentable car nous ne nous ne sommes payés que sur les résultats…
Il faut donc être très précis dès le départ… »
Loisirs et croisières
Comme nombre de chefs d'entreprise, Jérôme Marsac a la passion du travail chevillée au corps, une passion qu'il pratique sans modération toute l'année, 24 h/24 et depuis son plus jeune âge. Il a toutefois un hobby, qui lui permet de se détendre, en famille ou entre amis : la navigation…
Cette passion lui a été transmise par son beau-père Jean-Pierre Le Coadou13 à la fin des années 80 du siècle précédent :
« J’avais dit à Jérôme que j’avais fait du bateau et que je savais manœuvrer... On est parti ensemble en Yougoslavie, en 1989-1990. On avait loué un Feeling de 10 m. Un monocoque. On a suivi les cotes de Yougoslavie. Je lui ai appris. Il ne connaissait pas. On a fait ensemble deux ou trois croisières… Résultat : maintenant il est plus fort que moi concernant les bateaux. Il s’y connaît vraiment. Il faut qu’il soit le cul sur l’eau ! C’est sa seule détente. Il prend un bateau et il y va. Après il se détend. » Et de conclure : « Sur le bateau, c’est Jérôme le capitaine. C’est le patron du bateau. Cela s’est fait comme ça, progressivement…Lui à la barre et moi excellent matelot. Sa femme Lucile regarde la carte, l’organisation…. »
Depuis ses débuts dans la navigation, et toujours en compagnie de sa femme Lucile Jérôme a effectué 30 années de croisières dans les mers suivantes : Caraïbes (îles Grenadines, BVI, Martinique, Guadeloupe…), Méditerranée (Espagne et Baléares, Italie et Sicile, Croatie, Montenegro, Grèce, Corse…), Seychelles et îles Hawaïennes…
Bien sûr, fidèle à son tempérament d'entrepreneur, Jérôme Marsac a fait de cette passion un business (« C’est une manie chez lui !», précise sa femme Lucile14). Ainsi a-t-il créé, quand la famille Marsac vivait à Fort Lauderdale, la société Wilmar, qui exportait depuis La Rochelle, lieu de production, dans quatre pays de la coté EST des USA les bateaux Fountaine Pajot, et ceci avec beaucoup de succès, jusqu’à la crise de 2008. Pour la petite histoire, le nom de Wilmar avait été trouvé par Lucile afin d'associer le nom de leur ami et associé Stéphane Williamson (qui leur avait mis un bateau en main lorsque la famille était partie faire le tour du monde en juillet 1996) et celui de Marsac. Et Lucile de préciser15 : « En plus ça collait super bien car Mar veut dire la mer en espagnol, et Will, c’est la volonté en anglais.»
Notes et références
1. in « Jérôme Marsac, la passion d'entreprendre » Paul Henri. Auto-édition (2012). Epuisé. En cours de réimpression.
2. Idem
3. Article Vincent Bezault, Sicavonline 22/07/2010 Parcours Jérôme Marsac
4. Idem
5. « Jérôme Marsac, la passion d'entreprendre », opus cité
6. Jean-Pierre Bouvet, artiste et directeur de musée, Ouest-France, 13/10/2017
7. Article Vincent Bezault, Sicavonline 22/07/2010 Parcours Jérôme Marsac
8. Idem
9. « Jérôme Marsac, la passion d'entreprendre » Paul Henri. Auto-édition (2012). Epuisé. En cours de réimpression.
10. Idem
11. Idem