L'affaire du "sic"
Le 9 janvier 2003, une lettre d’une « lectrice occasionnelle du journal Laval Infos », Mlle Jeanne Troudic, m’a fait froid dans le dos. Adressée au maire elle m’a été remise par le directeur de cabinet. Que dit-elle ? " J’ai été particulièrement choquée par le traitement que vous avez réservé à la rubrique, pourtant anodine, « état-civil » du numéro 77 de décembre 2002. J’ai ainsi constaté que le nom de M. Maroud Bouillie Fflaton avait l’insigne et unique honneur d’être accompagné d’un « sic ».
Cette locution latine, dont le Petit Larousse nous apprend qu’elle veut dire « ainsi » et qu’elle se met entre parenthèses après un mot, une expression, pour indiquer que l’on cite textuellement, si bizarre ou incorrect que cela paraisse, ne me semble pas spécialement appropriée pour la circonstance. Je souhaiterais donc qu’à l’avenir le comité de lecture se montre plus vigilant (et notamment sur l’usage des « sic »). Dans l’attente de votre réponse, et en espérant ne plus avoir à écrire pour ce même motif, je vous prie, etc."
Ffalot, Cchirac
Le 11 janvier, après avoir discuté avec le directeur de cabinet du maire, qui pense qu’il s’agit d’un coup des jeunes socialistes décidés à me faire passer pour un raciste, je prends la peine d'expliquer à cette "lectrice occasionnelle" le pourquoi de mon sic qui, manifestement, l'empêche d'être sereine : "Tout simplement pour montrer aux lecteurs qui sont à l'affût des moindres fautes d'orthographe (nous en comptons de nombreux, qui nous obligent à nous montrer vigilants dans ce domaine) que le nom de Fflaton commence bien par deux lettres identiques et qu'il ne s'agit point d'une coquille de notre part.
A ma connaissance, c'est la première fois que j'inscris dans la rubrique état-civil de Laval-Infos (que je tiens moi-même depuis le 1er numéro de décembre 1995) un nom de famille commençant de cette façon. A ce titre, c'est une bizarrerie orthographique. Laquelle mérite un "sic" qui n'a rien de choquant ! Un "sic" auxquels auraient eu droit aussi les Ttroudic, Ggruau, Bbedouet, Rrondeau, Hhoudayer ou autres Cchirac, Jjospin, Ffalot... s'ils étaient ainsi orthographiés. Me tenant à votre entière disposition pour de plus amples informations, je vous prie, Mademoiselle", etc.
Il était évident que cette lectrice considérait ce sic comme une forme de racisme. Le simple fait de signaler un nom propre qui vous semble bizarrement écrit peut vous coûter une plainte de la Licra ou de la Ligue des Droits de l’Homme ! En clair, cela signifie que les bizarreries ne peuvent plus donner lieu au moindre commentaire, y compris en trois lettres ! A moins, bien sûr, qu’icelles ne concernent des "Français de souche". Car je suis convaincu qu’un Ddupont ou un Mmartin suivi d'un sic laisserait Mademoiselle Troudic de glace. Forcément, ce sont des noms de chez nous !
La suite dans le livre...