Menace de démission (fôte d'ortaugraf)
J’ai longtemps rêvé de faire un journal sans aucune faute d’orthographe ou autre coquille. J’y ai renoncé car, lors de chaque parution, j’ai toujours eu au moins trois ou quatre déceptions qui, généralement, me sautaient au visage avant même que je ne sois rentré chez moi ! En effet, les premières années, quand j’allais à Bonchamp chercher mes numéros chez l’imprimeur la veille de leur réception à la mairie, je me jetais sur le premier exemplaire en tremblant ; j’avais raison : le plus souvent, je tombais sur une faute avant d'apercevoir Notre-Dame d’Avesnières…
Et de rager, car j’ai toujours été agacé de lire un mot mal orthographié, un verbe mal conjugué, un nom avec une coquille, un article promotionnel avec un faux numéro de téléphone, etc. La boulette qui m’a le plus irrité ? Un samedi matin, fin mai 1996, je me suis réveillé après avoir "vu" très clairement dans mon rêve le titre d'un article qui comportait une énorme faute d'accord ! J’appelle dare dare l’imprimeur, qui avait reçu les films la veille. Mais je ne me fais guère d'illusion : les rotos tournent à plein régime...
Je ne m’étais pas trompé (enfin, façon de parler) la faute est bien celle qui a gâché mon réveil : « Il y a 60 ans la création des sections d’aviation populaire permirent la naissance de l’aérodrome… « Oui, Monsieur, il est bien écrit permirent et non permit comme il se doit… » Je reposai le combiné sachant que mon week-end avait du plomb dans l'aile. Car je suis ainsi fait qu’une faute oubliée dans un texte me rend plus malheureux qu’une engueulade avec un membre de ma famille ou un élu de la mairie.
Je me souviens, ce matin-là avoir très sérieusement évoqué ma démission en discutant avec ma femme. Quelques minutes seulement car icelle m’a remis droit très vite… Elle m’a traité de malade et dit une chose terrible, incroyable, insupportable pour un journaliste : « Tout le monde s’en fout ou presque ! » Et de fait, je ne reçus pas la moindre remarque sur cette énorme faute alors que j’avais eu, sur le sujet traité, mon lot de compliments mensuels. Je dois dire aussi que j’avais mis du blanco sur certains exemplaires de la mairie…
La suite dans le livre...