Coup d'coeur du Librairie n°22 : Pichot-Bravard, Ryssen, Anouilh, Jean Cau, Christian Millau...
Cher JCG, j'ai souhaité placer rapidement sur votre site votre tout dernier «coup d'cœur du libraire» avec le Frère Thierry, le 22e de la série, car plusieurs auteurs qui m'enchantent s'y trouvent associés… Votre enthousiasme ne m'étonne pas, cher Bois-Renard, car j'y évoque quelques fines plumes, à commencer, en apéritif, par la transcription d'une brillante causerie publiée dans le numéro 159 de la revue dominicaine Sedes Sapientae, une excellente causerie du fils spirituel de Jean de Viguerie, le juriste Philippe Pichot-Bravard, qui traite avec beaucoup de finesse d'un sujet on ne peut plus sombre, terrifiant, sataniste même, d'après certains auteurs, bien qu'il ait permis à d'innombrables catholiques de démontrer une fois de plus via le martyre, que l'existence de Dieu n'avait rien de bidon…
J'ai effectivement entendu dire du bien de cette conférence… Mais enfin, quelle cruauté ces «sans-culottes», quand même ! Ah, ça !, on peut vraiment affirmer que les catholiques de la Mayenne ont terriblement souffert pendant cette période sanglante, à commencer par les prêtres dits insermentés ! Ce cher Pichot-Bravard évoque avec talent les véritables heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire, mais aussi les principales caractéristiques propres aux Chouans de la Mayenne, lesquels ont combattu aux côtés de Jean Cottereau… Ensuite, après deux courtes lectures, je reviens vers l'ami Ryssen…
Parce qu'il le vaut bien (comme l'indiquait jadis le slogan d'une célèbre marque parmi les plus cosmopolites du pays) ? Oui, bien sûr ! Mais surtout parce que je n'avais pas tout dit concernant Le Coup de la Loi lors du coup d'cœur n°21. J'avais omis, épisode très important de sa vie intellectuelle, d'évoquer son passage du gauchisme à l'extrême-droite, via la lecture attentive de trois journalistes français aujourd'hui disparus (Brigneau, Gaucher, Emmanuel Ratier), ainsi qu'un fléau bien décrit par Hervé concernant l'absence du père dans l'éducation des enfants. Un fléau que la gauche, si l'on peut dire, renforce toujours plus à chaque fois qu'elle s'attaque à la famille traditionnelle.
Vous évoquez ensuite Jean Cau et son petit chef d'œuvre stylistique garni de portraits de célébrités politiques et littéraires, Croquis de mémoire paru en 1985… Ah, quel talent ce Jean Cau, que ses anciens petits camarades de la gauche française, qui n'avaient pas supporté son passage de la gauche à la droite (encore un type intelligent à suivre ce chemin !), surnommaient «Cau comme la lune»… J'évoque brièvement, via sa plume, Pompidou, Giscard… Mais aussi quelques pointures de la vie littéraire française comme Malraux, Gaston Gallimard et, bien sûr, Jean-Paul Sartre que Cau a servi plusieurs années comme secrétaire-homme à tout faire… De tous il parle avec talent, sachant toujours trouver l'anecdote qui fait tilt… Il nous donne de Sartre un tableau inoubliable. Et Dieu sait si, pourtant, Sartre me sort par les trous de nez depuis que j'ai l'âge de le lire…
En fait, tout mériterait d'être lu ! Oui, tout ! Car Jean Cau est un styliste hors-pair ! Surtout le passage concernant Francis Ponge…
Puis viennent les séances réservées à Jean Anouilh et au chroniqueur gastronomique Christian Millau décédé lors de l'été 2017, il y a cinq ans… On ne peut rien vous cacher… Deux livres de souvenirs en fait, écrits par deux hommes qui se connaissaient et s'appréciaient : un petit (par la taille), celui du célèbre dramaturge de droite (La Valse des toréadors, La Sauvage, Pauvre Bitos…), livre intitulé La Vicomtesse d'Eristal n'a pas reçu son balais mécanique, et un gros, un pavé de 700 pages, le Journal impuni de feu Christian Millau.
Ce Millau vous a agréablement surpris… Oui, car j'étais réticent au départ concernant le bonhomme. C'est pourquoi j'ai commencé par picorer au hasard quelques pages en pensant n'y rien trouver de solide, de plaisant car ce Millau est tout de même plutôt politiquement correct (40 critiques assez primaires concernant Hitler dans son livre et 60 «léchouilleries» gaulliennes !). Puis je suis tombé sous le charme en constatant que quantité de réflexions sont particulièrement intéressantes, fines, dignes de mériter dans un coup d'cœur… Il évoque notamment feu Pierre Desproges et son goût pour la cuisine, les insupportables spécialistes en littérature, nombre de célébrités que j'ai «connues» quand j'étais plus jeune. En fait, il écrit un journal dans lequel, chaque jour, il place un vieux souvenir de sa jeunesse journalistique. D'où le sous-titre de ce livre recommandable : Journal au galop (211-1928). C'est, le plus souvent, passionnant !
Bref, il faut écouter ce coup d'cœur, en cliquant sur le lien suivant :
https://www.dropbox.com/s/slc08ot7sy6abdb/No%2022.MP3?dl=0