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La statue d'Ambroise Paré

statuepar Né à Laval vers 1510, Ambroise Paré a droit à une statue dans le centre-ville le représentant debout et pensif, la main gauche prête à saisir un instrument de travail placé sur une pile de livres qu’il a lui-même écrits… 

Trois rois de France

Ambroise Paré, tout le monde connaît : un grand nom de la médecine, un bienfaiteur de l’humanité à sa façon ; celui qui, pour adoucir le martyr des opérés sans anesthésie, fut le premier à pratiquer la ligature des artères et des veines après une amputation, au lieu du féroce cautère au fer rouge (aïe ! aïe ! aïe !)…

 

Il a soigné les rois François II, Charles IX et Henri III. Il a aussi beaucoup écrit, et – fait exceptionnel pour l’époque – en « langue vulgaire » à savoir en français. Ses best-sellers, forcément, ont un peu vieilli et ne figurent plus « dans toutes les bonnes librairies » : La Méthode de traicter les playes faites par les arquebuses et autres bastons à feu (1545) et, quatre ans plus tard, Briefve collectoin de l’administration économique, avec la manière de conjoindre les os.

Bref, il méritait bien une statue dans sa ville natale…

Le roi Louis-Philippe

Voulue par le maire Queruau-Lamerie celle-ci fut exécutée gratuitement par le sculpteur Pierre-Jean David, dit David d’Angers avec, comme fondeurs, deux Parisiens, Soyer et Inger. Portée sur un socle par l’architecte Moll, elle eut, entre autres souscripteurs, le roi Louis-Philippe et le Gouvernement de l’époque.

Sur son socle, une formule fameuse, chère à Paré : « Je le pansai, Dieu le guérit. »

Fondue en bronze

Elle arriva le 9 juillet 1840 et fut installée place de la Mairie ; son inauguration eut lieu dans l’après-midi du 29 juillet 1840.

« Jamais, écrit un chroniqueur, la ville de Laval n’avait vu se presser pareille affluence de spectateurs… Toutes les croisées des maisons avoisinant la place étaient garnies de femmes élégamment parées ; on en voyait jusque sur les combles de l’hôtel de ville braver l’ardeur du soleil pour jouir du coup d’œil de la cérémonie, et partout la ville avait pris un air de fête. »

Francis Le Basser

En 1866, le nouveau marché s’étant installé devant la place de la mairie, la statue doit être déplacée à l’entrée de ce qui deviendra, en 1992, l’allée de la Résistance (ex promenade de Boston) : eh oui, elle gêne de nombreux clients…

Un siècle plus tard, en 1967, Francis Le Basser décide de la faire revenir place du Onze-Novembre : « Il y a longtemps que je trouve qu’Ambroise Paré n’a pas sa place à l’entrée des promenades de Boston !", explique le maire au Courrier de la Mayenne.

D’abord on le voit très mal du centre et, de plus, il est très souvent entouré d’expositions automobiles servant ainsi de publicité à Citroën, Renault, Simca et autres marques ce qui est loin de le mettre en valeur ! En le plaçant au centre de la ville, il sera visible de côté lorsqu’on sortira de la mairie… »

Roland Pouteau

Le maire s’est engagé à ce que le transfert ait lieu avant les fêtes de Noël 1967 car plusieurs entreprises locales ont d’ores et déjà accepté de l’assurer dans les délais et gratis pro deo…

Seulement, un mois après cet engagement pris lors d’un apéritif à l’hôtel de ville avec les entrepreneurs André Ménard et Roland Pouteau, les choses traînent… « Nous sommes stoppés par les autorisations administratives nécessaires », avoue, irrité l’un des patrons concernés…

« Fesses à Gonnet »

L’édition du 23 décembre 1967 du Courrier de la Mayenne rassurent tous ceux qui ne sont pas passés par le centre-ville lavallois :  la statue d’Ambroise Paré a enfin été transférée sur les « fesses à Gonnet » !

« Il faut saluer ce geste gratuit des entreprise lavalloises en hommage à notre illustre concitoyen », lit-on. Et le journaliste de citer les entreprises locales suivantes : Roger Poisson (terrassement des fondations), Trouillard (fourniture du béton), Brochard et Gaudichet (démontage et remontage), Zocchetto (camion pour transport), Pouteau (idem et remplacement à neuf des boulons de scellement) et Spie (éclairage par projecteur).

La « Pissette à Pinçon »

En 1977, quand la Municipalité dirigée par André Pinçon supprima les « fesses à Gonnet » et réaménagea, ainsi que le plan de circulation, la place du Onze-Novembre, Ambroise Paré demeura à la même place avec une nouvelle voisine à contempler :  la « pissette à Pinçon »…

Le père de la chirurgie moderne s’y trouve toujours...

 

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