10 mai 1981, 10 mai 2011 : 30 ans déjà...

10.mai.81Connaissant l'importance que le 10 mai 1981 a eu dans l'engagement politique de notre cher Jean Cricri, qu'il me soit permis de jouer à l’historien et d’évoquer ce jour la victoire de la gauche à l’Elysée car c’était il y a pile 30 ans...

Eh oui, le 10 mai 1981, lors du 2e tour des présidentielles, François Mitterrand battait celui qui lui avait fait mordre la poussière sept ans plus tôt, Valéry Giscard d'Estaing, en recueillant 51,7% des suffrages exprimés. Ce soir-là, le "peuple de gauche" laissa éclater sa joie à la Bastille et dans toutes les villes de France... Place du 11-Novembre par exemple. A deux pas de la "pissette à Pinçon". Je m'en souviens comme si c'était hier...

 

Le rejet de Giscard

 

Cette victoire de la gauche a plusieurs causes, cent fois décrites dans cent ouvrages... Il y avait, chez l'électeur, la lassitude de voir toujours le même camp gouverner depuis 1958 (la droite, pour résumer). Il y avait aussi le rejet du Président sortant, englué dans une affaire de diamants mal gérée ; un Président qui agaçait les électeurs droitiers (loi sur l'avortement, majorité à 18 ans...) sans pour autant convaincre les électeurs de gauche de sa bonne foi réformatrice...

 

Il y avait aussi -mais on n'en parlait point à l'époque - la trahison de nombre d'élus et de militants du RPR qui conseillaient aux indécis qui téléphonaient au siège du parti chiraquien (VGE en parle dans le dernier tome de ses Mémoires) de voter Mitterrand...

 

Le talent de Mitterrand

 

Il y avait enfin l'immense talent de ce dernier qui, à 67 ans et après deux essais infructueux ( 1965 et 1974), sut apparaître - bravo l'artiste ! - comme le grand pourfendeur du capital, de « l'argent facile » et corrupteur, comme un homme intègre et généreux. Bref, comme celui qui, quoi qu'en ait dit Giscard en 1974, avait bel et bien le "monopole du coeur"...

 

En effet, bien que peu doué pour les prestations télévisuelles (il fit beaucoup de progrès après), ce tribun d'exception était, dans ses meetings, capable de citer à tout propos Jaurès, Blum et Zola, trois références qui faisaient alors tilt auprès du "peuple de gauche"...

 

La « vague rose »

 

Le 21 mai, le premier Président de gauche de la Ve République commence son septennat par un geste symbolique au Panthéon où il va se recueillir - et déposer une rose rouge - sur les tombes de Jean Jaurès, Jean Moulin et Victor Schoelcher. Le même jour, il choisit le maire de Lille comme Premier ministre, Pierre Mauroy alias "Gros Quinquin".

 

Dissoute le 22 mai, l'Assemblée nationale voit arriver les 14 et 21 juin, une "vague rose" de 285 députés parmi lesquels figurent moult enseignants qui - pour la plus grande joie des chansonniers et de Jean Cau - portent la fameuse "barbe taillée"...

 

Pierre Mauroy forme alors son 2e gouvernement dont la particularité la plus remarquée est de compter quatre ministres communistes. Panique chez certains "possédants" qui, parfois, expédient leur fortune en Suisse ou outre Atlantique...

 

Des mesures sociales

Dès la mi-juin, Mitterrand adopte une série d'augmentations qui ne manquent pas de réjouir leurs bénéficiaires : Smic (10%), minimum vieillesse (20%), allocations familiales (25%), allocations logement (25%), allocations handicapés (10%)...

 

D'autres mesures suivront avant la fin de l'année : suppression de la cour de sûreté de l'Etat, nationalisation de 36 banques et de 5 groupes industriels, régularisation de 150 000 immigrés clandestins, lois de décentralisation...

 

Abolition de la peine de mort

 

Les deux plus célèbres mesures prises en 1981 seront la Fête de la Musique (fixée au 21 juin) et l'abolition de la peine de mort (approuvée par le Parlement le 30 septembre) ; elles feront de leur ministre concerné, Jack Lang et Robert Badinter, des icônes de la gauche française...

 

Bref, tout semble baigner jusqu'au 29 novembre, jour où le ministre de l'Economie, Jacques Delors, demande une pause dans les réformes... Mais le père de Martine Aubry ne sera pas entendu, enfin, pas immédiatement : le 30 décembre, une loi crée un impôt qui fera régulièrement parler de lui bien que fort peu de François soient concernés, l'ISF...

La suite des événements, tout le monde la connaît et se trouve fort bien résumée dans d'innombrables ouvrages dont l'un des plus "remarquables" est sans conteste le Mitterrand et les 40 voleurs du courageux Jean Montaldo...