La natation jadis ; rivière et piscine du Viaduc

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En 2005, au moment où la piscine Saint-Nicolas fermait ses portes pour une rénovation bienvenue (elle fut ouverte en 1970), son ancien directeur Christian Noury revenait, dans le journal municipal Laval Infos, sur l’histoire des « bains de rivière » à Laval, qui avaient précédé la naissance de la piscine du Viaduc (photo) en 1958…

Christian Noury

Comme nombre de petits Lavallois nés en 1903, Christian Noury a appris à nager dans la rivière La Mayenne. Plus précisément, dans les « bains en rivière » situés rive droite, au pied du viaduc, « en bas de la rue de l’Ermitage ».

Ses première brasses datent de sa 9e année, ce qui n’a rien d’exceptionnel dans la famille Noury : Jean, son frère aîné et futur conseiller municipal, est un excellent nageur, ainsi que leur père Léopold, un peintre-décorateur élevé par le grand-père maternel, Léopold Lecomte, qui fut durant 43 ans adjudicateur des bains en rivières municipaux…

« Mon père nous racontait que les courses de natation se déroulaient entre deux cordages tendus en travers de la Mayenne et distancés de 100 m l’un de l’autre », se souvient Christian.

 Les bombardements alliés

 Les bains en rivière où le jeune Noury a appris à nager fermeront en 1943. Non à cause du manque de fréquentation (la dernière saison, celle du fameux été 42 – 1er juin/22 septembre – favorisée par un temps superbe, fut exceptionnelle). Mais à cause de sa situation géographique : à tout moment le viaduc pouvait être bombardé par les alliés…

Après 1943, le Stade Lavallois assure la relève de ces « bains en rivière » municipaux en mettant à la disposition du public les installations de son club situées sur la rive gauche, « entre le club nautique d’aviron et les chantiers Chaussivert ».

L’Oribus

C’est là que Christian Noury pratiquera son sport de prédilection, le water polo, dans un espace décrit avec précision par l’historien Jean Steunou dans L’Oribus n°60.

En 1949, après avoir établi des bassins de natation en amont de Bootz, à côté de ceux du Stade, la Ville désigna « une commission composée de MM. Gruau, Raoux et Cheux, chargée de réfléchir à la création d’une véritable piscine et plus particulièrement à son emplacement ».

 Quai Béatrix

Celui-ci fut choisi le 16 février 1951, quai Béatrix, sur le terrain correspondant à l’usine Bretonnière sinistrée et à la maison de M. Gonnet, en contrebas de la voie ferrée : « Condition maxima, précise la commission :  il n’est pas excentrique, est très ensoleillé l’après-midi et abrité des vents du nord par les talus de chemin de fer. »

En 1952, directeur des bains en rivière Christian Noury passe avec succès un diplôme créé l’année précédente : celui de Maître Nageur Sauveteur…

Travaux dès 1955

La construction de la nouvelle piscine débute en 1955.

Pour la plus grande joie des nageurs, qui auraient pu cosigner ces lignes parues dans Ouest France : « Sans doute, des sociétés sportives locales, telles que le Stade Lavallois et les sauveteurs mayennais, ont-elles effectué sur la rivière des installations délimitant des bassins. Mais nageurs et nageuses doivent se contenter d’une eau plus ou moins trouble, d’un espace relativement restreint. »

La « piscine du Viaduc » ouvre ses portes le 14 juillet 1958, ce qui entraîne la fermeture définitive des bains en rivière de Laval.

Pour le seconder , le nouveau directeur Christian Noury engage trois MNS aujourd’hui en retraite depuis de longues années, trois figures de la natation lavalloise qui ont appris à nager à des centaines d’autochtones  : Bernard Chauveau, Christian Groiset et quelques années plus tard, Jean-Pierre Legros. 

 Eloigner les étrons…

Si de bons souvenirs demeurent attachés à ces « bains en rivière », Christian Noury se souvient aussi qu’il avait parfois besoin d’une pagaie quand, jeune MNS, il apprenait à nager aux enfants dans l’eau de la Mayenne…

Etait-ce pour les aider à avancer ou punir ceux qui n’étaient pas assez motivés ? Que nenni ? C’était pour éloigner les éléments… indésirables : les étrons, par exemple qu’offraient à la rivière les habitants des derniers bateaux-lavoirs de Laval…

Source : Laval Infos n° 102, avril 2005