Les feuilletons littéraires de Frédéric Lefèvre

Montherlant

Via son célèbre feuilleton des "Nouvelles Littéraires", le critique Frédéric Lefèvre a pu interroger, entre 1922 et 1949, le gratin de la littérature française. Mauriac, Cocteau, Montherlant, Bernanos, Genevoix, Drieu, Colette, Claudel, Maurras, Courteline, Morand, Max Jacob, Alain... et tous les autres ont eu droit à un "une heure avec" Frédéric Lefèvre...

 

Martin du Gard

En 1922, Jacques Guenne et Maurice Martin du Gard contactent un jeune critique littéraire qui veut consacrer sa vie aux livres, Frédéric Lefèvre. Ils lui demandent de créer avec eux un journal entièrement dédié à la littérature... Banco !

 

 

Le 21 octobre de cette même année, ce trio fait paraître le 1er numéro d'un hebdomadaire appelé à connaître un succès durable : Les Nouvelles Littéraires. Lefèvre en assurera la rédaction en chef pendant 37 ans, du 25 novembre 1922 à sa mort, le 11 septembre 1949.

 

Montherlant

 

Entre ces deux dates, Lefèvre - originaire d'un village du département de la Mayenne, Izé - se sera fait un nom dans la petite - mais ô combien prestigieuse à l'époque - République des Lettres.

En 1930, Henry de Montherlantle qualifiait de "sorcier, sourcier aussi, toujours en éveil, qui va à la découverte des talents, des caractères et des âmes."

 

Des points de repère

Journal d'une qualité exceptionnelle, Les Nouvelles Littéraires, Lefèvre regnante, réussirent toujours à remplir leurs missions originelles.

 

 

D'abord offrir des points de repère au lecteur effrayé par l'abondance de la production contemporaine (déjà, eh oui !). Ensuite apporter aux libraires, qui ont la mission délicate de guider leur clientèle, des analyses complètes et précises du plus grand nombre d'ouvrages possible...

 

Ne défendant aucune école et se tenant en dehors du débat politique, cet hebdo put offrir chaque semaine le panorama le plus complet de la vie littéraire à un large public cultivé qui vit en province ou à l'étranger aussi bien qu'à Paris.

 

"Neuravec"

Ce public apprécie tout particulièrement le feuilleton de Frédéric Lefèvre : "Une heure avec", qui rend compte de l'entretien que le rédacteur en chef a eu dans la semaine avec une personnalité du monde des lettres et des arts, mais aussi des sciences et, quelquefois, de la politique.

 

Le succès de ce feuilleton est tel que Lefèvre reçoit de ses confrères le sobriquet de "Neuravec". Suscite-t-il la jalousie de certains ? Cela est fort possible car Lefèvre va interroger tout le gratin littéraire de l'entre-deux-guerres !

 

Colette, Claudel...

 

Admirablement préparé (Lefèvre était de ces journalistes qui ont préalablement lu toutes les oeuvres des écrivains qu'ils interrogent !), chaque feuilleton est accompagné d'une photo ou, le plus souvent, de dessins réalisés par l'intervieweur lors de l'entretien.

 

Bien sûr ces "heures avec" furent également très appréciées par certains débutants au talent prometteur car elles les firent connaître au grand public. Ce fut le cas pour Montherlant, Bernanos, Drieu, Mauriac, Cocteau, Colette, Claudel...

 

Nicole Villeroux

 

Parmi ces 380 feuilletons, la maison d'édition ligérienne Siloë a eu la bonne idée d'en sélectionner 52, parus entre 1922 et 1938, et de les publier dans un coffret de trois ouvrages parus à la fin du siècle dernier.

 

Ce salutaire devoir de mémoire à l'égard des écrivains en général et de celui qui a permis de les faire mieux connaître en particulier, n'aurait pu être mené sans l'énergie, les compétences et la passion d'une "Lefèvriste" acharnée, Nicole Villeroux.

 

 

Laquelle ne s'est pas contentée d'écrire LA biographie de son grand homme aux éditions de la Reinette (Frédéric Lefèvre. Le sourcier des Nouvelles Littéraires) : elle a aussi créé un "fan-club", eh oui l'association des Amis de Frédéric Lefèvre !