André Jaud, un adhérent E. Leclerc d'exception

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Parmi les adhérents E. Leclerc, le lavallois André Jaud occupe une place à part : celle du "gardien du temple" dont la réussite et le bon sens sont unanimement respectés.
 

 

"Un ventre à choux" 

Fils de cultivateur et aîné d'une famille de six enfants, André Jaud est né le 15 avril 1935 à La Merlatière. C'est un Vendéen, un "ventre à choux" qui travaille à la ferme jusqu'à ce qu'une blessure à la main droite récoltée pendant la guerre d'Algérie (1956-57) vienne changer ses plans...

L'imprimerie Simoneau

Après quelques travaux sur les quais à Nantes, il entre dans une grande imprimerie où auprès de son patron respecté, Pierre Simoneau, il apprend les règles du management. Parallèlement s'occupant du catalogue d'un grossiste de la maison, E.G.E., ce cégétiste découvre la grande distribution.

Pris de passion pour ce monde encore balbutiant, il décide de devenir épicier avec un objectif clairement avoué : "Trouver le système qui permette de développer le pouvoir d'achat..." Pendant trois ans, il suit des cours d'auto-perfectionnement qui lui permettent d'accéder au centre d'études techniques et commerciales

1er E.G.E. à Nantes

Lauréat de ce cours, il ouvre, en 1964, rue Bonne-Garde à Nantes, une alimentation d'une surface de vente de 95 m² dans un quartier dont la population ne cesse de grimper. Tout comme le CA de son E.G.E. qui devient le plus important de la ville...

Le 4 janvier 1968, quelques mois après sa première rencontre avec Edouard Leclerc, il ouvre son 1er E. Leclerc à Saint-Sébastien-sur-Loire, à la frontière de Nantes. A l'époque, le mouvement comptait 36 adhérents...

Laval et Marie-Ange

Très rapidement son magasin de 480 m² obtient le 2ème meilleur résultat en CA après celui de la Roche-sur-Yon mais, aventurier dans l'âme, André Jaud accepte un nouveau défi : lancer un E. Leclerc de 1 200 m² à Laval, dans un département qui n'en compte pas encore...

Le lancement de "Lavaldis" a lieu en 1968, une année exceptionnelle pour André Jaud qui rencontre la femme de sa vie et sa principale collaboratrice, une jeune comptable du magasin, Marie-Ange Priou.

La "scission"

En 1969, autre année essentielle pour lui, il prend courageusement parti pour Edouard Leclerc dans la querelle - la "scission" - qui l'oppose à son collaborateur Jean-Pierre Le Roch (qui va créer Intermarché). "Le premier voulait favoriser les hommes quand le second ne faisait confiance qu'à la structure", indique André Jaud.

D'accord à 100% avec le très médiatique épicier de Landerneau, André Jaud entraîne avec lui d'autres responsables E. Leclerc - "que des bons !" - qui deviendront des "barons" de la maison, à commencer par son beau-frère (et grand ami) Michel Payraudeau.

Le choix des hommes

Cette période de combat ne lui a pas seulement permis de se faire apprécier à la vie à la mort par Edouard Leclerc et son fils Michel (qui, étudiant à Paris à l'époque, s'arrêtait alors régulièrement à Laval pour "couper la route" et profiter des conseils avisés du fidèle André) ; elle lui a permis, de devenir plus professionnel - "il fallait aller vers l'hyper marché et ne plus rester petit !" - tout en continuant de privilégier "non la structure comme le souhaitait Le Roch, mais les hommes" !

"Faire confiance aux hommes, c'est ça l'esprit E. Leclerc ! martèle André Jaud. La structure au service des gens, pas l'inverse !" Et se battre, toujours se battre pour "avancer, aller plus loin, toujours plus loin" précise ce pilote d'avion émérite.

"La Bataille de Flers"

En 1972, soucieux d'ouvrir un nouveau E. Leclerc, André et Marie-Ange Jaud s'installent à Flers où ils devront lutter comme des lions contre une opposition féroce orchestrée par le CIDUNATI.

Dans cette affaire, les Jaud susciteront une polémique nationale via un film d'une heure et demie que l'ORTF passera un soir à la télévision, "La Bataille de Flers", qui permet d'assister au combat - perdu d'avance - des petits commerçants contre la grande distribution dans la France pompidolienne des Trente Glorieuses.

"Nicodis" et "Lavaldis"

Le retour définitif à Laval s'effectuera en 1973 pour ouvrir, dans un quartier en plein boum, Saint-Nicolas, le magasin "Nicodis" qui naît quelques jours avant le premier fils Jaud, Vincent, qui succédera à ses parents après avoir passé son diplôme d'ingénieur SUPELEC à Rennes.

Quatre ans plus tard, en 1977, le premier 'P'tit Leclerc" de Laval s'installera à Saint-Berthevin et connaîtra un succès au moins aussi important que son "petit frère" de Laval. Les deux feront d'ailleurs l'objet d'un transfert en 1995 ("Nicodis") et 2003 ("Lavaldis").

Aujourd'hui, bien que retiré des affaires depuis plusieurs années, André Jaud conserve quelques responsabilités au sein de la maison E. Leclerc. Toujours hyperactif, il continue de sillonner la France aux commandes de son dernier avion et conserve une curiosité insatiable à l'égard de la vie en général et du monde économique en particulier.