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L'âge d'or des Bateaux-Lavoirs

peinture.lascroux

C’est sous le Second Empire que les bateaux-lavoirs apparaissent à Laval. En 1855, les archives nous indiquent qu’il y en a eu au moins deux : celui de Julien Labouré et celui de Jacques Rousseau.

Mais c’est à partir de 1860, après la relance des grands travaux de construction des quais par le nouveau maire Charles Toutain, que l’établissement de ces « blanchisseries flottantes » va prendre son essor le plus important.

 

La raison ? Ne pouvant plus accéder à leurs lavoirs situés sur la rivière nombre de blanchisseurs sont contraints d’établir un bateau-lavoir. Pour cela, ils doivent déposer une demande d’autorisation à la Division des Travaux Publics de la Préfecture…

La Préfecture

Classés dans la catégorie « des établissements dangereux, insalubres et incommodes », les bateaux-lavoirs sont soumis à une enquête. A chaque fois la Préfecture demande au maire de Laval d’apposer des affiches pour que d’éventuelles oppositions puissent s’exprimer dans un délai de 15 jours…

En 1870, quand la France passe sous Marianne III, une vingtaine de bateaux-lavoirs exercent leur activité, le long d’une rivière incroyablement animée. Plutôt bien acceptées par la Préfecture dès lors qu’elles ne gênent point la navigation fluviale, les demandes d’installation suscitent de vives réserves, voire de l’hostilité, du côté de la Mairie…

Madame veuve Sebaux

Ainsi, le 4 juillet 1866, Charles Toutain refuse à Mme veuve Sebaux, le droit d’établir un bateau-lavoir, en aval du Vieux-Pont, rapport à leur nombre « trop considérable ». Têtue, la veuve renouvelle sa demande le 7 août.

Nouveau « niet » de Toutain. Qui, entre-temps, a donné la même réponse à celle du sieur Bezeau, le 11 juillet 1867. Lequel finira par obtenir son installation après que l’abbé Sebaux, supérieur du Séminaire de Laval et personnage influent de la ville, l’eut obtenue pour sa nièce…

Les bains de rivière

En mai 1868, le sieur Philippot veut s’installer en amont du viaduc, à quelques brasses des « bains de rivière » aménagés par la Ville deux ans plus tôt. Pas question de « salir les eaux qui alimentent les bains ! », s’indigne Charles Toutain. Et, partant, « d’incommoder la population très nombreuse qui s’y rend ! »

Bis repetita 25 ans plus tard, en 1893, quand le sieur Fichet veut installer un sien bateau à cet endroit chéri par la Mairie. Doublement opposé à ce projet (à cause des bains, certes mais aussi parce que la Ville y installe présentement un point d’eau), le maire Victor Boissel demande à la Préfecture « d’interdire tout stationnement en amont du viaduc ».

Le choléra à Nantes

Avec des arguments renforcés par le fait que, cette année-là, la pollution des eaux fluviales est mise en cause dans le retour du choléra à Nantes… En matière d’hygiène, un progrès date de 1900 : l’interdiction d’installer des cabinets d’aisance sur les bateaux-lavoirs permet de se baigner sans risquer d’avaler un colombin…

Dans le centre-ville, les bateaux-lavoirs stationnaient en aval du Vieux-Pont (quai rive gauche) et le long de la promenade de Changé. Mais aucun n’avait le droit de cité dans « la partie comprise entre le Pont-Neuf et le Pont-Vieux ».

En aval du pont d’Avesnières

Datant de 1862, cet interdit avait été justifié par le fait que « le stationnement des bateaux dans le cœur de la ville produirait le plus mauvais effet ». Et par la difficulté d’attribuer des places dans un endroit aussi prisé que limité…

Dans les zones dites périphériques, en aval du pont d’Avesnières et en amont du viaduc, se trouvaient les embarcations les moins reluisantes, à « un niveau » pour la plupart, fréquentées par une clientèle ouvrière.

Les derniers blanchisseurs

Rapport au milieu industriel de ces zones : l’abattoir et des industries textiles pour la première, les filatures de Bootz pour la seconde. Mais si ces places étaient moins favorables, elles offraient au moins une compensation : la Ville n’exigeait que 3 francs de droits de stationnement contre 10 pour celles du centre-ville…

Et c’est ainsi que, pendant des années, de nombreux blanchisseurs vont exercer leur profession décrite dans l’article les bateaux-lavoirs :  le blanchissage flottant.

Saint-Yves et Saint-Julien

Dernier buandier-blanchisseur à avoir exercé sur la rivière La Mayenne, Joseph Poirier se retire le 31 décembre 1969. En 1972, avec le départ de M. Letessier, qui suit celui de J. Lemoigne (tous deux avaient installé des laveries automatiques sur le bateau), seuls quatre bateaux stationnent quai Paul-Boudet.

Où ils n’en reste plus que deux depuis les naufrages du « Lemoigne » (1974) et du « Letessier » (1982). Deux beaux bateaux… témoins actuellement en réparation : le Saint-Yves et le Saint-Julien devenu musée en 1985… 

 

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