Le Vieux-Château de Laval

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Le plus beau bâtiment de la ville de Laval ne saurait être daté avec précision car les archives des comtes de Laval furent détruites pendant la Révolution…

Les spécialistes s’accordent néanmoins pour faire débuter son histoire vers 1020…

 

A cette date en effet Guy de Dénéré entre en rébellion contre son seigneur, le comte du Maine Herbert 1er Eveillechien, et quitte le sud de la Sarthe pour s’installer sur un éperon rocheux qui deviendra, avec les années, le cœur de Laval…

A l‘époque, le coin est désert mais Guy le juge idéalement situé : il surplombe une rivière (la Mayenne) et se trouve à proximité d’un gué et d’une ancienne voie gallo-romaine construite pour relier Le Mans à la Bretagne…

Guy 1er

Quand on évoque la construction du premier bâtiment, signée Guy 1er, fondateur de la première dynastie lavalloise qui s’éteindra avec Guy XX (1568-1605), on pense à un château à motte constitué de bois et de terre avec des palissades.

Edifié près d’un axe de commerce à la frontière de la Bretagne, de l’Anjou et de la Normandie, celui-ci attire rapidement des habitants, soucieux de pouvoir bénéficier de la protection du nouveau seigneur…

Progressivement ces derniers s’installent le long d’un axe qui constitue aujourd’hui le « Laval historique » que connaissent bien les touristes…

Naissance d’une ville

Et c’est ainsi qu’à l’ombre du château, la ville va se développer sous les noms de « Burgum Guidonis » (le bourg de Guy), « Lavalis Guidonis » (la vallée de Guy), « Lavalis » puis, définitivement, Laval…

De cette première installation, il est encore possible de voir aujourd’hui quelques restes du logis seigneurial en pierre, le « domicilium », qui datent de la fin du XIe –début XIIe.

La chapelle

C’est également à cette période que Guy II, dans la continuité du bâtiment primitif a construit la basse crypte, une superbe chapelle qui constitue l’un des clous de la visite du Vieux-Château, en partie grâce à sa collection d’objets d’orfèvrerie religieuse et son grand nombre de statues.

Parmi ces dernières, une « vierge à la tête coupée » permet de constater que les révolutionnaires des années 1792-1794, les « terroristes », ne se contentaient pas de rétrécir les troncs de leurs concitoyens…

Le donjon

A la fin du XIIe, à l’extrémité de l’éperon rocheux et légèrement à l’écart du château, Guy VI fait édifier un donjon d’une hauteur de 34 mètres dont la charpente supérieure est une pièce unique en Europe.

Formée en effet par deux énormes roues horizontales reliées par un pivot central impressionnant, elle ne se limitait pas à supporter la toiture ! Elle devait aussi assurer la défense des habitants grâce à des saillies défensives sur poutres, des hourds…

La prison de Laval

De 1793 et 1909, ce donjon fit office de prison. Une preuve ? Certains murs portent encore les traces du passage de prisonniers qui, dans la pierre des murs épais (2,34 m !), y ont creusé des bâtons représentant, au choix, les jours, semaines ou mois de captivité.

Au début du XIVe siècle un premier bâtiment reliant le « domicilium » au donjon fut construit, remplacé, au XVe, par l’actuel corps de logis parallèle à la rivière la Mayenne qui deviendra, en 1966, le premier Musée international d’Art Naïf.

Agrandi et embelli par Guy XVI, qui ouvre les grandes fenêtres donnant sur la cour d’honneur, la résidence des comtes de Laval se verra adjoindre un « château neuf », vers 1542, un bâtiment de plaisance qui se transformera en Palais de justice à la Révolution…

Le Prince de Talmont

C’est pendant cette période, le 27 janvier 1794 exactement, qu’Antoine-Philippe de la Trémoille, Prince de Talmont, sera décapité par les « Terroristes » devant la grille de son château.

Vidée par un chirurgien nommé Tellot, la tête du dernier seigneur de Laval sera, un temps, plantée sur les grilles du « château neuf ».

Pour la plus grande joie de la populace, qui ignorait qu’un jour la superbe place où elle criait sa haine porterait le nom du guillotiné…