Vive l'opérette !

operetteJ'aime l’opérette et tins à le montrer dès 1996 en présentant de manière passionnée le spectacle du 12 avril avec José Villamor, Il était une fois l’opérette. Je cite alors Jean-François Kahn qui, dans une émission de télévision consacrée à ce genre musical, s’indignait que notre pays fût « le seul à avoir honte de certaines spécificités musicales qui appartiennent à son génie propre. » Les applaudissements qu’il récolta témoignèrent de l’attachement du « peuple » de France pour l’opérette. En effet, qui n’a jamais chantonné, sous sa douche ou ailleurs, l'un des thèmes de L’Auberge du cheval blanc, de La Vie parisienne, du Chanteur de Mexico ou de La Route fleurie ? (pour ne citer que ces quelques trésors de bonne humeur, de joie de vivre, de gaieté éternelle).

 

Les tubes de l’EIM

En 2000, l’Ensemble Instrumental de la Mayenne, avec l’Ensemble Vocal de la Sartheet le choeur départemental de ce même département, enregistre Succès de l’opérette française. Je vante ce cédé à qui mieux mieux car il permet aux amateurs de retrouver quinze de leurs thèmes favoris, et à tous ceux qui ne connaissent pas l’opérette française de découvrir des tubes autrement plus frais, plus légers et plus joyeux que certains succès d’aujourd’hui dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’adoucissent guère les mœurs !

Ces tubes, espérons-le, leur donneront une soudaine envie de « pousser, pousser l’escarpolette », de reconnaître la suprématie de l’Amour, « qui console le pauvre monde » et « qui nous rendra la liberté ». Et, s’ils ont un âne dans leur jardin (sait-on jamais ?), de lui chanter (en duo avec leur conjoint) : « De-ci de-là, cahin-caha, va chemine ! va, trottine ! va, petit âne ! va, de-ci, de-là, cahin-caha, le picotin te récompensera ! » Cette réclame a-t-elle fait grimper les ventes de ce cédé ? 

 

 

Le théâtre Saint-Martin

Le C'était Laval d’avril 2000 fut consacré aux belles années du théâtre Saint-Martin aujourd’hui démoli qui accueillit, entre 1951 et 1970, via la Compagnie Lyrique Saint-Martin de l'Union Sportive espérance Beauregard (USEB),  24 opérettes. La figure de proue en était le truculent Emile Irté, que j’eus l'honneur de fréquenter chez ma grand-mère dans ma prime jeunesse… D’où ma légende très particulière : "Les Lavallois qui souhaitent qu’Emile Irté ait prochainement son nom sur une plaque de rue à Laval peuvent contacter l’Amicale des Admirateurs d’Emile Irté et d’Agnès Cormerais (la très sélecte AAEIAC)…"

Les opérettes en question alternèrent les titres viennois (La Veuve joyeuse…), romantiques (Véronique…), historiques (La Mascotte…), militaires (Mlle Nitouche…) et espagnol (La Belle de Cadix). La dernière eut lieu du 7 au 11 novembre 1970 et avait pour titre un endroit que personne ne connaît mais qu’un homme célèbre (le général de Gaulle) rejoignit entre deux représentations, le 9 novembre précisément ; Là-Haut, de Maurice Yvain…

Pourquoi fut-ce la dernière ? Parce que, quelques jours plus tôt, le 30 octobre, à Saint-Laurent-du-Pont, un incendie avait détruit un dancing, le Cinq-Sept, et envoyé ad patres 147 personnes suscitant un émoi considérable dans le pays. Résultat : les théâtres ne disposant pas d’un rideau coupe-feu durent fermer leurs portes. " Et si nous pûmes jouer La-Haut, c’est uniquement parce qu’un adjoint au maire proche de l’USEB, M. Paul Gruau père, avait obtenu une autorisation municipale", indique l'un des chanteurs, Roland Forveille.

Dans cet article j'avoue m'être un peu lâché en expliquant pourquoi l'opérette n'avait plus la cote aujourd'hui "car il a le grand tort (impardonnable aux yeux des moralistes actuels) de mettre en scène la bonne humeur et les bons sentiments (Comment ! oser monter de telles cucuteries quand il y a tant d’exclus dans nos cités ! tant de nazis au pays de Sissi ! moins de femmes que d’hommes dans les conseils municipaux !)".