Le discours de JC Gruau à Laval Agglo

Lors de la première séance du conseil communautaire, le vendredi 25 avril, séance dite de l'installation, notre ami JC Gruau a osé présenter sa candidature à la présidence et "occuper le micro" via un discours de huit minutes jugé trop long par le doyen Jean-Pierre Fouquet qui, souhaitant ressembler à son seigneur et maître Zocchetto, a envisagé de lui couper le son... Mais Dieu merci, le discours a pu être prononcé jusqu'au bout. A vous de juger s'il était ou non trop long...

" Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Si j’étais caustique à l’égard de l’ancienne équipe au pouvoir battue le 30 mars à plate couture par les électeurs lavallois, je dirais que j’ai rencontré Laval Agglomération fin 2012, sur les murs de la gare Montparnasse, via de nombreuses affiches exhibant un personnage aussi laid que vulgaire, auquel Jacques Brel, dans une chanson célèbre, a donné ses lettres de noblesse : Jacky.

J’avais enquêté pour savoir quelle collectivité locale était assez stupide pour espérer attirer les investisseurs non-mayennais d’une façon si pitoyable que certains amis de Paris m’avaient téléphoné pour me certifier qu’ils ne mettraient jamais la moitié d’un euro dans un territoire assez idiot pour s’offrir une pub pareille !

Si j’étais caustique donc, je reviendrais longuement sur cette histoire, donnerais moult détails, à commencer par le nom des « coupables » de cette dépense qui coûta, paraît-il, plus de 300 000 euros aux contribuables locaux…

Mais, tout à mon bonheur de m’exprimer pour la première fois devant vous mes chers collègues, je préfère donner dans le positif et remonter six ans en arrière car c’est en 2006 que j’ai vraiment rencontré Laval Agglomération ; et de la meilleure façon qui soit : en allant interviewer la plupart des édiles alors en fonction, chez eux, dans leur mairie.

Il en reste quelques-uns qui oeuvraient déjà à l’époque, toujours prêts, comme les scouts, à servir le plus efficacement possible leurs administrés : je pense à Annette Chesnel, Marcel Blanchet, Yannick Borde et Daniel Guérin.

J’étais alors le journaliste municipal de François d’Aubert, qui m’avait demandé de prêter ma plume au magazine que ses deux successeurs successifs ici présents ont eu la bonne idée de garder après 2008 : Le journal de Laval Agglomération.

Je garde de cette époque le souvenir d’un merveilleux voyage parmi les hommes et les terroirs qui me permit de comprendre pourquoi tant de Mayennais sont attachés à leur territoire, à leur petite patrie. A leur vieille église bien sûr (qui allait redevenir, dans le cas de Parné-sur-Roc, un joyaux), à leur monument aux morts qui porte la trace des disparus de la guerre de Crimée sous Napoléon III (je pense à Montflours), à leurs illuminations de Noël (je pense à Louvigné), au passage furtifs de deux grands noms de la littérature française (Jules Renard à Châlons-du-Maine et Eugène Ionesco à La Chapelle-Anthenaise), à dix autres choses pareilles…

Ce qui m’a surpris, je l’avoue, c’était de découvrir à quel point ces édiles étaient conscients d’un fait indiscutable : sans développement économique, toute la vie de leur village menaçait de s’écrouler, de disparaître à jamais.

C’est pourquoi, une fois la spécialité touristique évoquée, ils embrayaient dare dare sur des sujets aussi froids qu’un financier de la City : investissements, tri des déchets, nouveaux lotissements, zones d’activités, installation d’un commerce de bouche dit de proximité, nouvelle salles des fêtes, connections internet aussi - sans lesquelles – déjà à l’époque - vous n’attiriez plus aucune famille sans prendre le risque de la voir se détruire durant la première semaine d’installation…

En clair, tous ces élus me parlaient surtout d’économie !

Je l’avoue : c’est en les écoutant que j’ai pris conscience de l’intérêt que pouvait présenter Laval Agglomération, que je rangeais jusqu’alors dans les structures dont on pouvait aisément se passer…

Conquis par ces témoignages, je vantais alors l’intercommunalité autour de moi, la qualifiant d’outil indispensable au dynamisme des communes, à la bonne marche de notre économie.

Le hic c’est que le grand public que j’interrogeais alors pour d’autres articles ne partageait nullement  mon enthousiasme !

Pire : les critiques concernant Laval Agglo tombaient à foison, comme les maires socialistes lors des dernières municipales.

« Allez donc, encore un machin inutile ! » me répondaient certains. « Un machin pour rien », aurait chanté Jean-Jacques Goldmann.

D’autres s’énervaient : « Cela fait doublon avec des bureaux et services de mairies et du conseil général, genre office de tourisme et maison du même nom ! » 

Certains affirmaient qu’il s’agissait d’une pompe à fric uniquement mise en place pour mettre du beurre dans les épinards des maires sous-payés par leur propre commune !  

D’autres encore brocardaient le nombre important de vice-présidents. Et une rumeur accompagnait cette critique récurrente, qu’on entend encore : « Savez-vous que chaque vice-président touche 2 000 euros ! »  Et comme la maison en compte une grosse vingtaine, vous imaginez la frayeur des contribuables qui s’intéressent aux destinations de leurs impôts…

Bref, entre le témoignage des maires et ceux de leurs administrés, j’apercevais un fossé, plus large et plus profond que le nouveau bassin extérieur de la piscine Saint-Nicolas de Laval Agglo rénovée cette même année 2006.

Mesdames, messieurs, pour avoir sondé des dizaines « d’agglomérants lavallois » ces six dernières années, je peux confirmer que notre collectivité a encore de sérieux progrès à faire pour être acceptée, appréciée, reconnue par des contribuables de plus en plus exigeants.

Mais pour cela il lui faut un Président tout neuf, tout frais, qui connaît le monde économique mayennais mais sans toutefois lui être inféodé par des clients ou des réseaux plus ou moins secrets, un homme libre en fait, libre d’agir dans l’intérêt général.

Un président disponible aussi, et qui saura donner la dimension humaine qui lui a peut-être fait un peu défaut ces deux dernières années, avec un autre Jean-Christophe.

Un président enraciné dans le sol mayennais où ses ancêtres ont toujours vécu, travaillé, innové, investi, aimé, donné du fruit.

Un président sur lequel vous pourrez compter autant pour innover, investir, accompagner les technologies du futur qu’évoquer le passé sans lequel on ne sait pas où on est ni où on va puisqu’on ne sait pas d’où on vient !

Un président dont les idées nationales – seules capables de redresser ce pays et de lui rendre sa fierté – les idées nationales seront tôt ou tard celle de la majorité des Français en général et des Mayennais en particulier.

Mesdames, Messieurs, m’estimant apte à être ce Président je vous demande de créer la surprise ce jour en me portant à la tête de votre collectivité.

Merci de votre confiance…"