Le Stade Lavallois, la montée en Première Division

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Les Français passionnés de football se souviennent que le Stade Lavallois accéda à la première division le 11 juin 1976 en battant chez lui le Red Star...

Battre le Red Star

L’ascension en Première Division eut lieu après une excellente saison 75-76 où le Stade termina deuxième du groupe A. A l’époque montaient d’office en D1 le vainqueur des deux groupes A et B, en l’occurrence Rennes et le SCO d’Angers, mais aussi le meilleur des deux clubs arrivés seconds.

 

Pour désigner ce dernier, les deux seconds se rencontraient au cours de deux matchs, l’un chez l’un et l’autre… chez l’autre – logique ! Et c’est ainsi que, second du groupe A, le Stade Lavallois, dut affronter le second du groupe B, le Red Star de Paris…

Fondée en 1897 ce club de banlieue jouissait encore d’un certain prestige car il avait remporté cinq fois la coupe de France dans l’entre-deux-guerres : 1921, 1922, 1923, 1938 et 1942…  De ce fait, il partait favori pour monter en D1…

 

2 à 1 pour le Stade !

 

De tous les matchs disputés à Laval au stade Francis Le Basser, celui du 11 juin 1976 restera dans les annales car s’achevant sur le score de 2 buts à 1 en faveur des Lavallois il permit au « Tangos et noirs » d’accéder au Saint des Saints, la D1…

 

Dans une forme olympienne, les vainqueurs du jour furent chaleureusement applaudis par 10 919 spectateurs, qui les récompensaient ainsi d’une saison époustouflante.

En effet, le Stade avait participé au 8e de finale de la coupe de France où il se fit battre un club de première division, l’AS Nancy-Lorraine qui avait la chance d’avoir un as comme milieu de terrain, Michel Platini.

« Dream team »

Le 11 juin, c’est donc une « dream team » qui battit le Red Star avec onze joueurs qui, depuis plusieurs saisons, permettaient au Stade Lavallois de faire partie de l’élite du football amateur sous la houlette de l’excellent entraîneur Michel Le Milinaire…

Ces « héros » méritent d’être cités : Jacky Rose, Alain Desgages, Lionel Lamy, Roger Bertin, Patrick Papin, Raymond Kéruzoré, Francis Smerecki, Bernard Blanchet, Georges Tripp, Souleymane Camara et Yannick Bonnec.

Le grand débat

Vécue dans l’enthousiasme général, la victoire du 11 juin 1976 entraîna néanmoins un débat au sein du comité directeur du Stade car d’aucuns ne souhaitaient pas que leur équipe montât en première division…

A cause des incidences financières, bien sûr car qui dit : « football professionnel » dit « beaucoup d’argent » à mettre sur la table pour se constituer une équipe susceptible d’affronter des clubs aussi prestigieux que Saint-Etienne, Bordeaux…

Le président Bisson

Il faut dire aussi que les esprits de l’époque étaient obsédés par le cas de l’équipe d’Avignon qui, à la fin de sa première saison en D1 était lanterne rouge du championnat avec un total de 20 points pour 30 buts marqués et 79 encaissés…

Farouche partisan de la montée en D1, le président du Stade Henri Bisson donna trois jours de réflexion aux membres de son comité directeur pour se déterminer. Bien sûr, en cas d’échec, il quitterait la présidence qu’il occupait depuis 1947…

Le pour et le contre

D’un côté comme de l’autre, les arguments ne manquaient pas : « Qui n’avance pas recule ! », affirmait le président, ajoutant qu’en cas de refus, l’équipe – son équipe – devrait – quelle injustice !- rétrograder en 3e division !

« Mais qui paiera en cas d’échec ? », osaient demander quelques voix menées par le vice-président Henri Fabre. Lesquels ajoutaient – O tempora O mores ! – qu’il était immoral que des êtres humains pussent gagner tant d’argent en tapant dans un ballon…

Victoire du « oui »

D’où un climat de suspense en ville quand, le 14 juin, à 20 heures, les 34 membres du comité directeur s’enfermèrent au 1e étage du Foyer culturel pour dire "oui" ou "non" à la D1…

Attendu avec la même impatience que la fin d’un conclave chez les catholiques pratiquants, le résultat fut sans appel : 25 voix pour, 8 contre…

Ce résultat donna le coup d’envoi d’une formidable aventure qui prit fin 13 ans plus tard, en 1989 quand celui qu’on nommait « Le Petit Poucet de la D1 » dut rétrograder en D2…