Le blason de la Ville de Laval

blason

Jusqu'à 1987, la Ville de Laval était représentée par un bel écu de gueules au léopard d'or.

Mais depuis cette date le blason primitif des seigneurs de la cité ne figure plus que sur quelques façades du centre-ville, les murs du musée des Sciences et l'un des vitraux de l'église Saint-Jean (photo).

Résultat: de nombreux Lavallois ignorent jusqu’à son existence...

 

 

L'origine des armoiries

En 1995, Diane de Maynard et Dominique Eraud eurent la bonne idée de rédiger, sous le titre Armoiries de Laval et de ses seigneurs, un « bref résumé destiné à procurer un document concis sur le sujet ».

Bien sûr, ce résumé évoque l’histoire des armoiries qui, « dans leur forme actuelle, n’apparaissent dans l’Europe féodale qu’au début du XIIe siècle. Utilisées primitivement dans le domaine des sceaux et dans celui des tissus, elles gagnent peu à peu l’équipement des hommes d’armes sur les champs de bataille.»

Pourquoi? Tout simplement afin que les combattants qui, pour une raison, x ou y, ont décidé de s’entretuer, puissent clairement se reconnaître! D’où une nouvelle habitude: «peindre sur les boucliers ou broder sur les bannières et les oriflammes des armoiries aux couleurs vives.»

Ce qui fut fait sur celles des premiers seigneurs de Laval, lesquels reçurent le fameux écu de gueules au léopard d’or. (Ecu : champ en forme de bouclier où sont représentées les pièces des armoiries ; ces armoiries ; gueules: couleur rouge de l’écu.)

Un écu donné par Guillaume de Normandie

La coutume veut que cet écu ait été donné aux premiers seigneurs de Laval par Guillaume de Normandie en reconnaissance des services qu’ils lui auraient rendus lors de l’invasion de l’Angleterre, en 1066…

Hélas, cette origine ne fait pas l’unanimité chez les historiens locaux… « Pure légende », écrit le duo Eraud-Maynard: « Les armes de Laval n’apparaissent dans aucun des documents ou listes établis au lendemain des événements ! »

La thèse de Marceau Fassier

Cette thèse était contredite par feu Marceau Fassié, un passionné qui croyait dur comme fer que le blason datait de la bataille d’Hastings (1066) : « Lorsqu’il a conquis l’Angleterre, Guillaume avait le blason de Normandie avec les trois léopards qui se retrouvent dans l’emblème de l’Angleterre. Ses successeurs en Normandie – et aujourd’hui encore la Normandie – n’ont que deux léopards. »

Et Fassié de poser la question: « Mais où donc est passé le 3e ? »

Réponse: chez nous !

La Maison Montmorency

Dans son article le duo Maynard-Eraud écrit que « ces armes furent utilisées jusqu’au milieu du XIIIe siècle: en 1251, elles se rencontrent sur un contre-sceau de Guy VII, antérieurement à son accession à la tête de la baronnie »… Un avènement qui marque le passage de la seigneurie de Laval, en 1264, dans la maison de Montmorency. En effet, la disparition (en 1211) du fils de Guy VI et d’Avoise de Craon, un dénommé Guyonnet, avait fait de sa sœur Emma (13 ans) l’héritière de la baronnie. Or, veuve de Robert III d’Alençon, Emma avait épousé, en 1218, le connétable Mathieu II de Montmorency avec lequel elle eut Guy VII…

Cet avènement entraînera l’abandon des armoiries primitives au profit de celles de cette famille…. Dorénavant, les armes de la famille de Laval seront « de gueules à la croix d’or chargée de cinq coquilles d’argent cantonnée de seize alérions d’azur ».

Jean de Montfort

En 1405, l’union d’Anne de Laval et de Jean de Montfort (l’autre branche descendant de la famille des premiers barons de Laval), futur Guy XIII, « n’apporte aucun bouleversement dans les armoiries, leur contrat de mariage stipulant que Jean abandonnerait son nom, son prénom, le blason de son père, son cri et ses armes au profit du blason des Montmorency-Laval ».

Si ce Guy reste fidèle au vieil écu de ses prédécesseurs, « Guy XIV, probablement, mais surtout ses successeurs utilisent conjointement celui des Montmorency-Laval et un autre plus complexe où s’ajoutent dans un premier temps les armes de France (…) puis celles d’Evreux (…) et celles de Vitré ».

Le logo de 1987

« Après son abandon par Guy VII, concluent Eraud et Maynard, le léopard des premiers seigneurs sera utilisé pour les sceaux des contrats de Laval jusqu’à la Révolution. Au XIXe la ville l’adoptera pour ses armes particulières. »

Et ce jusqu’en 1987, année où, conformément à la volonté des nouveaux «seigneurs des temps modernes» (élus par les citoyens), un logo vert et bleu (en phase avec le côté pépère-tranquille des années Pinçon) fait son apparition.

Il remplace le «cher et vieux» blason aux différents endroits (en-têtes du courrier administratif, etc.) où les Lavallois de souche avaient pris l’habitude de le regarder.

Avec, parfois, un zeste de fierté…