La collecte des déchets du Moyen Age à 1943

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Au Moyen Age, les Lavallois jettent leurs déchets et immondices par la fenêtre en criant gaiement: "Gare l’eau!" ou "Gare en dessous!".

Bien sûr, cette coutume dite du "tout à la rue" contribue à la formation d’une boue épaisse dans la cité. Pour s’en débarrasser, les municipalités passent des accords avec les "fermiers des boues".

A ces derniers, les boues sont appropriées aux enchères pour trois ans moyennant l’obligation, au moyen d’une pelle et d’un cheval attelé à un tombereau, de les enlever – ainsi que les autres immondices - deux fois par semaine, sans oublier de nettoyer au balai la place où chaque particulier dépose les unes et les autres.

 

Tout le monde y trouve son compte: les fermiers obtiennent un engrais naturel de qualité ; les citadins, la «propreté» de leur rue ; la Ville, une somme représentant - pour les années 1774-1776 - l’équivalent de 2500 journées de salaire d’un ouvrier...

Origine des éboueurs

C’est au XVIIIe siècle que la municipalité commence à prendre des mesures pour améliorer la propreté des rues et faciliter le travail de ceux qui, chargés d’enlever la boue des voies publiques et des ordures ménagères, prennent le nom de "boueurs" (origine du mot, 1563), puis de "boueux" (variante dialectale datant de 1808), avant de s’appeler, dès 1870, les "éboueurs".

Le 2 août 1790, le premier maire élu de Laval, François Hubert, interdit le "tout à la rue", mais le grand nombre d’arrêts et d’ordonnances publiés à cette époque fait que les lois sont très peu exécutées…

Coups de balais

Dans un règlement municipal du 31 décembre 1861, le maire Charles Toutain et le préfet de l’époque imposent aux propriétaires ou locataires de "faire balayer complètement, chaque jour, la voie publique au devant de leurs maisons, boutiques, cours, jardins et autres emplacements".

Le balayage devait avoir lieu le matin, sauf les jours de foire et de marché où il se faisait seulement à partir de 13 heures. Les boues sont mises en tas, puis placées le long des trottoirs avant le passage des éboueurs, annoncé au moyen d’une clochette attachée aux tombereaux.

Peu de civisme !

Mais les Lavallois tentent de se dérober à cette obligation, en dépit des hommes envoyés par l’administration pour sillonner les rues et signaler que l’heure était venue de balayer! Ce règlement ordonne aussi de déposer les "bouteilles cassées, les morceaux de verres, de poteries, faïences et autres ferrailles dans des endroits désignés par l’administration".

En fait, il s’agit d’un premier pas significatif vers la collecte sélective des déchets…

Les frères Pautrel

En 1894, sous Victor Boissel, la population ayant augmenté (24 000 âmes contre 19 200 en 1851), le service de l’enlèvement des boues est devenu trop important pour l’équipe des "femiers des boues". Il faut alors faire appel à un entrepreneur privé...

Désigné après un concours organisé par la municipalité, "l'heureux élu" est chargé, moyennant rémunération, d'enlever tout ce qui est déposé sur la voie publique. De 1894 à 1920, les frères Pautrel, qui dirigent une entreprise de vidange, accompliront cette tâche peu ragoûtante.

L'entreprise Coupeau

De 1933 à 1943, sous Adolphe Beck, les ordures lavalloises seront ramassées par l’entreprise Coupeau avec quatre tombereaux et deux camions de déménagement (activité de ladite entreprise).

Pendant l’Occupation, ces derniers sont abandonnés et la collecte est effectuée quotidiennement par cinq chevaux attelés à des tombereaux, avec un roulier et un chargeur chacun. Le service devait commencer "à l’heure d’embauchée des cantonniers, de façon à être terminé avant la nuit et, au plus tard, à 20 h, en conciliant l’enlèvement avec le service de balayage par les équipes municipales".

Dire que la collecte était bien faite serait mentir…

Un service de régie directe

Dans certaines rues, les ordures ne sont pas enlevées pendant plusieurs semaines et la municipalité applique régulièrement des sanctions (amendes de 20 francs par jour et par rue non débarrassées complètement).

C’est pourquoi le contrat de concession passé entre la ville et la société Coupeau arrivant à expiration le 30 septembre 1943, la municipalité décide d’assurer un service en régie directe.

Commence alors une nouvelle étape dans l’histoire - un peu cracra avouons-le - de la collecte des déchets à Laval…