La naissance de la ZUP Saint-Nicolas

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Entre 1954 et 1975, Trente Glorieuses obligent, la ville de Laval va passer de 36 000 à 56 000 âmes, soit un accroissement de 20 000 nouveaux habitants – principalement des ouvriers - auxquels la Ville se doit d’offrir des logements…  Dès la fin des années 50, la création d’ un nouveau quartier se dessine, Saint-Nicolas.

Il deviendra démographiquement le plus important de la cité…

Xavier Villebrun

« Deux éléments vont jouer un rôle décisif dans la politique municipale, indique l’historien de la Ville de Laval Xavier Villebrun. D’abord, il y a la réactivation d’un plan d’urbanisme de 1943, qui visait à créer une nouvelle travée est-ouest entre deux zones appelées à connaître un grand essor démographique : les Fourches d’un côté, Saint-Nicolas de l’autre. »

Ensuite, en 1958, il y a la naissance d’un nouveau dispositif juridique : la « Zone à Urbaniser en Priorité », alias la ZUP. Résultat : la ZUP des Fourches est créée dès 1959 et celle de Saint-Nicolas en 1963…

Le pavillonnaire

Un point mérite d’être souligné, une spécificité locale  : la construction de ces ZUP privilégie le « cadre de vie ». En effet, les élus de l’équipe dirigée par Francis Le Basser ont décidé de ne pas obéir aux normes fixées par l’Etat en matière de densité d’ habitation…

« Contrairement à ce qui se passe ailleurs, poursuit Xavier Villebrun, on va créer des zones mixtes mêlant le pavillonnaire aux tours et aux barres. » Un choix conforme à « une tradition pavillonnaire » qui remonte au XIXe siècle : à la construction, dans le quartier de Bootz, près des filatures de coton, de maisons ouvrières individuelles disposant toutes, « grâce au mécénat des patrons de l’époque d’un jardin et du confort moderne : eau, gaz et électricité. »

« Douce France »

Cette tradition explique que les problèmes posés aujourd’hui à Saint-Nicolas sont « circonscrits à tel ou tel secteur ». Et que les immeubles lavallois ne ressemblent guère à ceux qui caractérisent les zones urbaines où il est impossible de chanter « Douce France » sans passer pour un provocateur…

Il est vrai que si d’aucuns continuent de parler de « barre », le terme est impropre à Laval car il évoque généralement un bâtiment de 15 étages et d’une longueur avoisinant les 200 mètres… Laval ne compte que des immeubles…

Ces points évoqués, revenons à la construction de Saint-Nicolas…

Francis Le Basser

Ancien responsable de l’agence lavalloise de l’entreprise de BTP Brochard et Gaudichet, André Mesnard se souvient « avoir été, un jour de 1964, convoqué par Le Basser, en compagnie de plusieurs professionnels du bâtiment ».

Sur un ton enthousiaste, le maire les entretient de la nécessité de construire à Saint-Nicolas, mais également au Pavement et aux Pommeraies des centaines de logements destinés à accueillir… 10 000 personnes !

La préfabrication

Il leur annonce qu’un « appel d’offres va être lancé sous la forme d’un concours... » Pourquoi pareille procédure ? « Parce que, pour construire en 3 ans un tel ensemble, il fallait choisir un système de construction rapide et efficace : la préfabrication ! »

Dès lors, sous l’égide de Brochard et Gaudichet, qui opteront pour le système Tracoba, se constitue un groupement d’entreprises locales dont les noms sont encore dans toutes les mémoires des « vieux » Lavallois…

 Zocchetto, Lucas, Spie…

Ainsi, dans la catégorie « gros œuvre », sont réunies les entreprises Pouteau (qui, avec Brochard et Gaudichet « posera tous les éléments lourds »), Pinon (« pour les pavillons »), Cattirolo Le Page (« pour les écoles et autres bâtiments »), Zocchetto (« pour les sous-sols des immeubles ») et, pour les charpentes et couvertures, Paul Gruau

Egalement connues sur la place de Laval, les entreprises du « second œuvre » ont pour noms Somabois (menuiserie), Jamelin (plâtrerie), Praizelin (plomberie-chauffage), Chenu (peinture et vitrerie), Barrier (serrurerie), Lucas (revêtements de sol), Spie et Forclum (électricité),

Trois logements par jour !

Toutes vont durant trois ans travailler ensemble et « selon des méthodes tout à fait innovantes ».

Des méthodes rendues nécessaires par l’obligation inédite à Laval de produire… trois logements par jour ouvrable !