Alfred Jarry, le Lavallois

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Alfred Jarry n'est pas seulement né à Laval et hop ! Basta la ville natale ! Dans sa courte existence de 34 ans, le père d'Ubu est souvent revenu au pays...

La petite enfance

Jarry est né le 8 septembre 1873 dans une maison qui a une entrée sur l’actuel Quai Jehan-Fouquet et une autre rue du Val-de-Mayenne.

Dans ses lettres, sa sœur Charlotte nous apprend qu’il « vint au monde en riant » et, entre autres facéties, qu’il prit sa première cuite à trois ans, avec une copine d’un an de plus !

 

 

Le 14 mai 1878, vêtu en fille, il entre au lycée de la ville, dans la division des minimes. Mais un an plus tard, il part vivre à Saint-Brieuc avec sa sœur et sa mère Marie-Caroline qui a décidé de plaquer son époux Anselme dont la fabrique de toile vient de péricliter…

Premier prix d’escrime

Le 10 février 1889, Alfred revient pour la première fois à Laval. Brillant escrimeur (il a obtenu dernièrement le premier prix d’escrime au concours régional d’Angers), il participe à un assaut d’armes.

Sa prestation est saluée par le journal « L’Avenir de la Mayenne » : « M. Jarry a réussi dimanche de belles parades et ripostes du tac au tac, quatre sur quatre. »

Présentez… Armes !

Le 13 novembre 1894, il est incorporé à la caserne Corbineau de Laval, 101e régiment d’infanterie, 13e brigade. Le matricule 667 mesure 1,61 mètre. Il a les cheveux et les yeux châtains, le visage ovale…

Il a surtout la chance d’avoir affaire à Jean Tixier, un sous-lieutenant piqué de littérature et de poésie. Grâce à un ami de son père il obtient également des permes pour aller à Paris commencer à écrire…

Afflux d’argent

En 1895, la mort de son père lui fait bénéficier d’un afflux d’argent liquide car Jarry a préféré revendre à sa sœur sa part de biens immobiliers. Il se fait réformer en décembre (pour « lithiase biliaire chronique ») et commence sa carrière littéraire.

De santé fragile et menant une vie dissolue qui n’arrange rien, il revient régulièrement se reposer à Laval dans l’immeuble de rapport que sa sœur possède  rue de Bootz ou au 3e étage du 13, rue Charles-Landelle que Charlotte loue à la demande de son frère.

Les délires d’Alfred

En mai 1906, la santé d’Alfred étant aussi préoccupante que sa situation financière, ses amis parisiens lui paient un billet de train pour qu’il prenne du repos à Laval où il manque de trépasser…

Pendant trois jours en effet il délire, dicte à Charlotte le plan de son dernier roman, reçoit la visite du docteur Bucquet, du notaire et même du vicaire de la Cathédrale qui lui administre l’extrême-onction…

Mais le 30 mai, miracle ! Alfred est en état de reprendre la plume et le sport : pêche, vélo et, surtout, escrime. Il décide aussi de se faire tirer le portrait sabre au poing, dans des poses guerrières.

Alfred a la bougeotte

En 1907, les allers-retours Laval-Paris se succèdent car la santé et la situation financière se dégradent. Les créanciers lavallois (les commerçants du quartier de la Cathédrale) sont excédés… Résultat : son dernier séjour aura lieu chez sa sœur, rue de Booz.

Le 18 octobre 1907 il quitte sa ville natale pour Paris où il meurt  le 1er novembre 1907 après avoir réclamé…un cure-dent !

« Ubuesque »

Le 6 novembre, la gazette de Laval « annonce la mort inattendue, à l’hôpital de la Charité, à Paris, de M. Alfred Jarry, un jeune écrivain, qu’une pièce ironique et caricaturale, Ubu roi, rendit un instant notoire. »

Un « instant notoire » ? L’auteur de cet entrefilet est oublié depuis longtemps. Et Jarry l’excentrique, lui, est passé à la postérité, ainsi que le mot « ubuesque ».

Enfin, depuis 1967, il est dans le centre-ville de Laval 365 jours par an. Grâce à une statue de Zadkine (photo) le représentant avec son célèbre vélo.