Pyrard de Laval

bateau.pays.lavalRéédité par Chandeigne en 1998," Le Voyage de Pyrard de Laval aux Indes orientales,1601-1611" est devenu un classique de la littérature de voyages... Dépaysement assuré !

 

Le Corbin


Trois buts entraînent le marchand lavallois François Pyrard à embarquer pour les Indes le 16 mai 1601, à Saint-Malo, dans un navire de 200 tonneaux dénommé Le Corbin : "voir, apprendre et acquérir des biens." Seul le 3ème ne sera pas atteint...

Quant aux deux premiers, ils le décideront à "mettre par écrit ce [qu'il a] observé de rare en une si longue pérégrination pour en rendre compte à [sa] patrie".

Le résultat prendra la forme d'un ouvrage fort intéressant, car Pyrard s'y montre un fin observateur des peuples avec lesquels il a vécu de longues années.

Ah, si le viagra !

Il est vrai qu'il est aussi bon pour décrire la préparation des mets que le drapé d'un vêtement, les techniques de la pêche que la manière de se raser la barbe. Il évoque aussi les pratiques sexuelles des habitants des Maldives... Ses propos, à ce sujet, laissent entendre que le viagra aurait eu un sacré succès auprès des Maldiviens : "Tout le plus grand désir qu'ils avaient, c'est de recouvrer s'ils peuvent quelque recette pour mieux contenter leurs femmes et les rendre plus forts à exercer leur paillardise..."

Et Pyrard de poursuivre : "Ils m'ont tant demandé si je n'en savais point, et tant de fois, que je me lassais d'ouïr tels propos !" Il est vrai que les mâles du coin ayant jusqu'à trois femmes, d'aucuns peinent à satisfaire la libido de chacune...

Le perroquet, hum...

A Madagascar (Saint-Laurent, à l'époque), François apprend la langue, se lie aux notables et mange du perroquet. Ses impressions ? "Leur chair est aussi bonne que celle des grands pigeons !" Il constate aussi une chose admirable : "C'est qu'ayant tué un crocodile et l'ayant éventré, les entrailles en sentaient fort bon..."

Echappant à la mort, il s'enfuit à la faveur de l'attaque d'une flotte bengalaise... Blessé à Goa, capitale de l'Inde portugaise, il atterrit dans un hôpital, "le plus beau qu'il y ait au monde". Puis, une fois guéri, il est enrôlé comme soldat. Il participe à des expéditions à Ceylan, au Bengale, en Insulinde puis aux Molusques... Son retour vers l'Europe est l'occasion d'une navigation mouvementée avec escales à l'île de Sainte-Hélène et à Salvador de Bahia au Brésil.

Pierre Bergeron

De la quarantaine de compagnons avec lesquels il était parti dix ans plus tôt, Pyrard est le seul survivant... C'est alors qu'il rencontra un certain Pierre Bergeron qui, ayant entendu parler de ses aventures, le prit chez lui pour les lui faire narrer... Comme en témoigne une note manuscrite de Tallemant des Réaux (dans "Historiettes"), la collaboration entre les deux hommes était un peu spéciale...

Toujours ivre...

"Comme notre aventurier était toujours ivre, Bergeron, pour discerner la vérité de ses paroles, lui faisait dire plusieurs fois et à divers temps une même chose, et quand Pyrard la rapportait constamment d'une même façon sans varier, il la prenait pour véritable." Saluons le "professionnalisme" de ce Pierre Bergeron qui aurait mériter de devenir le saint patron des intervieweurs de la planète !

Pour conclure, osons une question, au cas où un producteur de cinéma lirait par hasard cet article : à quand un film sur les aventures de Pyrard aux Indes orientales avec Jean Dujardin ou Jason Statham dans le rôle-titre, par exemple  ?