Une méfiance à l'égard du progrès

gustavethibon

Concernant le progrès qu'on vante à qui mieux mieux, je glisse ce petit texte de Jean Dutourd dans le n°86. Guillaume Falot me fera l'honneur de le critiquer lors du conseil municipal de décembre 2003...

 

 « Aujourd’hui, l’avenir ne dépend plus de la volonté des hommes mais d’un certain engrenage scientifique. En d’autres termes, l’avenir n’est plus individuel, mais collectif. L’homme ne peut presque plus rien sur lui, en tout cas par des moyens politiques. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la notion d’avenir est devenue si ennuyeuse et si décourageante. Dans un monde sans progrès, l’individu peut s’épanouir ; dans un monde en proie au progrès, l’individu n’est plus libre. Le progrès est un trottoir roulant qui mène à la même allure vers les mêmes lendemains les gens qui se tiennent sur la gauche et les gens qui se tiennent sur la droite. (Carnet d’un émigré) »

 Thibon : Une société en marche

Autre petit texte percutant, signé Gustave Thibon celui-ci et glissé dans le Laval Infos de l'été 2000 : « On parle beaucoup aujourd’hui d’un monde, d’une société en marche. Et l’on nous invite de toutes parts à ne pas bouder cette évolution, à nous associer à ce mouvement (…) On oublie seulement de nous dire vers quoi nous marchons ! Le but ne compte plus, la marche suffit. Pour ce qui nous concerne, nous ne refusons pas de marcher, mais nous ne croyons pas à la vertu infaillible du mouvement en tant que tel. »

Et Gustave de poursuivre : « Ce n’est peut-être pas tout à fait par hasard que, dans le langage populaire, le verbe marcher est devenu synonyme d’être dupe. Nous refusons de marcher sur tous les chemins et à la suite de tous les troupeaux. Nous ne marchons qu’à la condition de connaître le but, et que ce but soit la vérité et le bien. Sinon, et ce mot prend tout son poids de sagesse et de prudence dans le monde où nous vivons, nous ne marchons pas. »